Géomimétisme – réguler le changement climatique grâce à la nature par Pierre Gilbert. Préface de Gaël Giraud

Géomimétisme, mot inventé par Pierre Gilbert, vient à la fois de biomimétisme, le fait de s’inspirer de la nature dans les procédés techniques, et de géo-ingéniérie, le fait d’avoir un impact global sur le climat grâce à la technique. L’ouvrage est, de fait, une mise en garde aux dangereuses propositions des « apprentis sorciers du climat » pour reprendre l’expression de Clive Hamilton. L’auteur prône en effet une régulation du climat non pas en injectant du soufre dans l’atmosphère ou autres dangereuses manipulations mais en s’inscrivant dans les cycles naturels de l’eau, du carbone, phosphore, azote qu’il s’agit de renforcer pour capter plus de carbone.

Globalement, on connaît les solutions : reboiser en s’inspirant des écosystèmes naturels, restaurer les zones humides, conserver le permafrost et la biodiversité marine mais Pierre Gilbert a répertorié des pistes fort intéressantes. Le rétablissement d’une grande faune d’herbivores limiterait la fonte du permafrost en maintenant les steppes ainsi que les basses températures en profondeur dans le sous-sol grâce au piétinement et au retournement de la couche de neige par les animaux en hiver. Côté océans, l’auteur plaide pour une culture d’algues à grande échelle selon les règles de l’agroécologie bien sûr. Si 3% de la surface des océans était dédiée à la culture du kelp, il serait théoriquement possible de fournir l’ensemble des besoins énergétiques de l’humanité. Les algues dépollueraient également l’océan notamment de l’excès d’azote qui l’acidifie, ce qui permettrait le retour des poissons.

Réaliste, l’auteur affirme toutefois que ces solutions gagnantes/gagnantes ne se suffiront pas en elles-mêmes. Nous ne pouvons pas faire l’économie d’un changement de paradigme en allant vers plus de sobriété, donc à l’encontre de la société libérale et du capitalisme. « Cet ouvrage se veut avant tout un appel à la vigilance vis-à-vis de l’émergence dans le débat public de fausses solutions pour le climat. (…) Seules les pistes s’intégrant efficacement dans les cycles naturels, en symbiose avec l’environnement, sont adaptées à l’urgence écologique » conclut l’auteur. On ne saurait être plus clair.


Éditions Les petits matins, 185 pages, 16 € – www.lespetitsmatins.fr
Contact presse : Macha Dvinina. Tél. : 01 43 48 77 27 – macha@lespetitsmatins.com
(Danièle Boone)