La folle histoire des virus par Tania Louis

Ce livre très d’actualité n’est pas un livre sur le SARS-CoV-2 mais un livre sur l’histoire des virus. Si leur découverte remonte à la fin du XIXème siècle, la virologie date seulement de quelques dizaines d’années avec l’apparition des microscopes électroniques et la diffraction aux rayons X qui ont permis de les observer. Les premières images datent de 1938. Plus récemment, les progrès de la génomique ont permis d’avancer considérablement dans la connaissance de ces infiniment petits qui prolifèrent en exploitant un organisme donné. Tania Louis, virologue, effectue d’abord un travelling depuis Aristote autour de la classification du vivant. Ce premier chapitre est un peu déroutant tant nous attendons les virus qui n’arrivent finalement que page 57. Par la suite, on comprend pourquoi il était important de retracer cette histoire là aussi.

La matière noire virale est encore pleine de mystères. Les découvertes, nombreuses, posent, à chaque fois, de nouvelles questions. On les disait plus petits que les bactéries mais des virus géants ont obligé les chercheurs à revoir leur copie. Plus la recherche avance, plus on découvre de virus : certains sont des virophages (virus de virus), d’autres des satellites de virus, ils sont capables de communiquer entre eux, etc. Tania Louis aborde également le potentiel médical des virus tout en préconisant une grande prudence : « injecter un virus à un patient pour le soigner revient à relâcher un virus dans le nature. Si celui-ci ne s’y trouvait pas auparavant, cela peut avoir de graves conséquences.»

Les premières tentatives de thérapie génique remontent au tout début des année 1990. Tous les possibles sont envisagés : les virus pourraient devenir des alliés pour soigner les cancers et autres maladies dévastatrices mais aussi nous aider à préserver les écosystèmes marins ou piéger le gaz carbonique. D’un côté, on a envie d’y croire, mais l’image de l’humain apprenti sorcier surgit. Je me dis qu’il serait peut-être plus sage de rendre toute sa place à la nature et d’éliminer toute la chimie qui nous rend malade plutôt que d’intervenir par des modifications génétiques sur l’infiniment petit pour réparer, au risque de provoquer des catastrophes encore plus graves. Cette réflexion toute personnelle n’enlève rien à la qualité de ce livre passionnant, à l’écriture enlevée, qui se lit comme un roman palpitant.


Éditions HumenSciences, 354 pages, 16 € – www.humensciences.com
Contact presse : Amandine Dumas – Tél.: 01 55 42 72 37 / 06 17 09 11 17
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(Danièle Boone)