« Les Algues Vertes », un grand film sur le journalisme d’investigation

Sans pathos ni effets de manche, le film Les Algues Vertes de Pierre Jolivet, nous relate le parcours de la journaliste d’investigation Inès Léraud dans son combat pour faire connaître et reconnaître l’ampleur et les  causes de cette pollution qui ravage la Bretagne.

par Laurent Samuel

La réussite de ce film tient à la fois à la réalisation sobre et efficace de Pierre Jolivet et à l’immense talent de Céline Sallette qui « habite » littéralement le personnage d’Inès Léraud. Récit du combat exemplaire d’une lanceuse d’alerte, Les Algues Vertes nous plonge de l’intérieur dans les difficultés rencontrées par une journaliste d’investigation indépendante, n’ayant pas la chance de faire partie – cas de plus en plus rare – d’une rédaction lui donnant le temps et l’argent pour mener l’enquête. Loin d’être célébrée comme une héroïne sans peurs ni reproches, Inès Léraud nous est montrée comme une journaliste souvent en proie au doute (ne s’attaque-t-elle pas à un lobby trop puissant, celui de l’agro-industrie bretonne ?), voire au découragement comme dans cette séquence où elle abandonne son enquête pour travailler chez un sympathique éleveur de chèvres bio. Le film montre bien le rôle clé de l’entourage – et en particulier de sa compagne, Judith (excellente Nina Meurisse) – dans le soutien à l’enquêtrice.

Tout en étant une fiction, Les Algues Vertes colle de très près aux faits réels, comme en témoigne le fait qu’Inès Léraud est la scénariste du film. On saluera la qualité des « seconds rôles » comme Julie Ferrier ou Jonathan Lambert. Les protagonistes qui ont donné leur accord sont présentés avec leurs véritables noms, comme Rosy Auffray, dont l’époux est mort d’une intoxication attribuée aux algues vertes, ou les militants écologistes André Ollivro et Yves-Marie Le Lay. Les partisans de l’agriculture industrielle, quant à eux, ont des identités fictives.

A l’heure où ces lignes sont écrites, ce film, sorti en juillet, a déjà attiré plus de 350 000 spectateurs en France, dont un tiers en Bretagne, où des avant-premières et des séances suivies de débats ont souvent fait salle comble. Le 18 juillet, quelques jours après la sortie du film, le tribunal administratif de Rennes a donné quatre mois au préfet pour prendre des mesures afin de réparer les « atteintes portées à la biodiversité de la réserve naturelle de la baie de Saint-Brieuc » par les algues vertes. En cette semaine (cinéma) du 23 août, Les Algues Vertes sont encore projetées dans 328 salles à travers la France. Il y en a sans doute une pas loin de chez vous…

Ci-dessous, la bande-annonce du film.