Avec ou sans Trump, les dynamiques locales se poursuivent

 


par Carine Mayo, présidente des JNE.
Mayo-Carine

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Les Etats-Unis dénonceront-ils l’accord de Paris sur le climat ? La question est sur toutes les lèvres ici à la COP22 de Marrakech, depuis l’élection de Donald Trump, farouchement climato-sceptique, à la présidence américaine.

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Au début, les négociateurs ont tenté de se rassurer en disant que les Etats-Unis, liés par la signature de l’accord de Paris, ne pourraient se désengager avant 2020, date correspondant à la fin de son mandat. Mais il suffirait qu’ils se retirent de la Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique (CCNUCC) et tout pourrait aller beaucoup plus vite.

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Que fera alors la Chine, l’autre grand pays responsable des émissions de gaz à effet de serre ? Dénoncera-t-elle à son tour l’accord de Paris ou prendra-t-elle le leadership sur le plan des énergies renouvelables pendant que les Etat-Unis développeront les gaz de schiste et feront des forages pour trouver du pétrole dans l’Arctique ? Beaucoup d’experts estiment que la Chine, qui a réussi à faire chuter le coût des panneaux photovoltaïques de manière importante et est en train de devenir leader dans le domaine des énergies renouvelables, ne va pas s’arrêter sur sa lancée.

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En attendant, les chefs d’Etat qui se sont succédé à la tribune de la COP22, mardi 15 novembre, ont essayé de faire bonne figure. François Hollande a invité les Etats-Unis à « respecter l’accord de Paris », « irréversible en droit (…) et dans les consciences ». Dans les coulisses, les négociateurs s’appliquent à définir les règles du jeu de la mise en œuvre de l’accord de Paris : comment comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre ? Comment s’assurer que chaque pays respectera ses engagements ? C’est le cœur de cet accord, qui n’est pas contraignant et est basé sur la transparence et l’exemplarité.

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L’exemplarité, c’est justement ce que le Maroc a voulu mettre en avant, en affichant une politique ambitieuse en matière d’énergies renouvelables. Ainsi, cet Etat s’est engagé à ce que 42 % de son électricité provienne des énergies renouvelables à l’horizon 2020, avec 14 % d’énergie solaire, 14 % d’énergie éolienne et 14 % d’énergie hydroélectrique. Le royaume arbore fièrement sa centrale solaire Noor, une centrale dite « thermodynamique » qui utilise des panneaux solaires pour concentrer les rayons du soleil et chauffer un fluide qui fait tourner des turbines à vapeur et produit de l’électricité. Une technique qui permet de stocker de l’électricité trois heures après le coucher du soleil.

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Si, pour le moment, c’est le choix d’une énergie centralisée qui a été fait, dans les campagnes, les habitants rêvent de pouvoir s’acheter des pompes solaires pour pouvoir remonter l’eau des puits et irriguer leurs cultures. Les sécheresses prolongées et les pluies intenses créant de l’érosion, font qu’il est de plus en plus difficile de cultiver. Mais les communautés locales ne manquent pas d’idées pour améliorer leur résilience et développer les circuits courts, comme dans le village d’Asni qui a créé une coopérative et pratique désormais l’agroécologie dans ses vergers grâce à l’aide de l’ONG Agrisud. Cette association a aussi mis en place un programme de restauration de la palmeraie de Marrakech en diversifiant les cultures et accompagnant cinquante familles dans cette évolution.

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Les femmes ne sont pas en reste. Ainsi, Souhad Azennoud, lauréate du prix Terre de Femmes 2016 de la fondation Yves Rocher, a créé trois coopératives agricoles pour promouvoir l’apiculture, le petit épeautre et l’huile d’olive et replante des arbres pour stocker du carbone et limiter l’érosion. En la rencontrant, on se dit que si tous les citoyens de la base jusqu’au sommet de l’Etat, développaient la même énergie à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre, on pourrait espérer contenir le changement climatique.

 

Pour en savoir plus sur la COP 22, voir le dossier de la SERE (cliquez ici).

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