Algérie : le message du séisme du 1er août a-t-il été compris ?

De réplique en réplique, la politique de prévention sismique reste très insuffisante en Algérie.

 

par M’hamed Rebah

 

Les Algérois qui ont ressenti la secousse tellurique du samedi matin 8 août 2014, à 11 h 19, ont replongé dans la panique, durant une infime fraction de seconde, même si la magnitude, selon le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG), paraît faible (4 sur l’échelle ouverte de Richter).

 

Cette secousse a suivi celle du jeudi 7 août, à 20 h 31, d’une magnitude de 3.4. Les localisations de l’épicentre dans les deux cas, tous deux au nord-est de Bologhine, respectivement à 22 km et à 15 km, confirment qu’il s’agit de répliques du séisme du vendredi 1er août.

 

Qu’y a-t-il de changé, depuis le 1er août, dans le comportement des Algériens qui vivent dans les zones à risque sismique avéré, particulièrement les Algérois qui ne se sont pas encore totalement relevés du choc du dernier séisme, et plus spécialement les familles dont les habitations peuvent tomber en cas de forte réplique ou carrément d’un nouveau tremblement de terre ?

 

On sait que les six décès liés au séisme du 1er août sont consécutifs à des chutes dues à la panique et n’ont rien à voir avec l’effondrement d’habitations. L’attention accordée jusque là au respect des normes parasismiques dans les constructions commence à porter ses fruits selon les commentaires des responsables officiels qui font remarquer que les nouvelles cités ont tenu le coup.

 

Mais ce qui semble avoir été négligé, comme le montre la leçon qui a été immédiatement tirée des causes des six décès, c’est le travail d’éducation et de sensibilisation sur le comportement à avoir en cas de séisme. Les carences en la matière ont été nettement mises en évidence.

 

L’exemple nippon a été abondamment cité par les médias. Certes, l’Algérie n’est pas le Japon, mais ce pays est la référence concernant le comportement de la population face aux séismes et sur la façon dont elle est préparée à cet événement s’il survient. Ce que fait le Japon dans ce domaine n’est pas un secret ni un brevet protégé par des droits, il suffit de copier, de mettre tout ça dans un guide, de former des formateurs qui apprendront aux enfants, dans les écoles, et aux adultes, sur les lieux de travail, et aux autres, là où ils sont, les gestes qui sauvent.

 

Il ne suffit pas de répéter que le risque sismique est une donnée permanente dans le Nord du pays et s’installer dans la fatalité de ce risque majeur, le plus important en Algérie. Il faut en tirer les conséquences sur les activités de tous les jours. La priorité semble avoir été donnée, à juste titre, au relogement des populations confrontées au risque d’effondrement de leurs habitations. Car, il s’agit, avant tout, de préserver les vies humaines.

 

Cet effort doit s’accompagner par des actions d’éducation et de sensibilisation pour remédier à l’impréparation dans laquelle se trouve encore la population face au séisme. Cela fait partie de la politique de prévention qui permet de réduire le bilan en pertes humaines et en dégâts matériels. Il est important de rappeler avec insistance que la politique de prévention, concernant le risque sismique, mais aussi celui des inondations, doit être bâtie et mise en œuvre avec l’implication active de la population au niveau local.

 

Séismes et inondations sont des phénomènes naturels qui ne sont pas rares en Algérie. La vulnérabilité à ce type de catastrophes est démontrée de jour en jour. Pourtant, beaucoup d’indices montrent qu’il y a une sous-estimation de ces risques, à la fois chez les autorités, mais surtout dans la population. Exemple : l’assurance contre les effets des catastrophes naturelles (CAT-NAT), rendue obligatoire après le séisme de Boumerdès du 21 mai 2003, reste peu connue si l’on en juge par les grands retards dans les souscriptions aux contrats.

 

Cet article a été publié dans le magazine algérien Reporters.