La fausse piste du virus

L’identification de l’agent viral – ou supposé tel – frappant les vautours indiens a résisté à toutes les analyses.

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par Yves Thonnerieux

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Jusqu’à la fin de 2003, pour l’ensemble des experts occidentaux et indiens, il ne fait quasiment aucun doute que les vautours asiatiques succombent d’une affection virale à laquelle leur organisme n’avait jamais été confronté précédemment.

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Le Dr Satheesan, sceptique, a pourtant depuis longtemps fait remarquer que leur statut d’éboueurs et de nécrophages les met depuis l’aube des temps en contact avec des germes ; que la thèse du virus paraît du coup peu crédible. L’identification de l’agent viral – ou supposé tel – frappant les vautours indiens résiste d’ailleurs à toutes les analyses entreprises sur place.

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Pendant ce temps, la classe politique indienne s’englue dans un débat de plus d’un an portant sur l’autorisation d’exporter vers l’étranger des tissus biologiques, en vue de leur analyse : surréaliste !…

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Quand la barrière juridique est enfin levée, des bataillons de vétérinaires, microbiologistes et virologistes américains et anglais prennent le relais de leurs homologues asiatiques, sans plus de réussite ! Les spécimens de vautours examinés ont des dépôts blanchâtres dans leurs viscères ; le foie présentant une forte accumulation d’acide urique cristallisé. Une déshydratation générale associée à des troubles digestifs (entérite) a, de toute évidence, précipité leur décès.

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L’extension géographique – déjà vers le Népal et le Pakistan – de la supposée épizootie est de nature à nourrir les plus vives inquiétudes. Les vautours sont de merveilleux voiliers, capables de se laisser dériver au gré des courants aériens, sur de longues distances, sans la moindre dépense énergétique. Imaginer que le « syndrome de la tête baissée » puisse gagner l’Europe et l’Afrique, via le Moyen-Orient, par l’intermédiaire de vautours fauves erratiques, n’est pas un non sens si la piste de l’agent viral se révèle exacte ! Et le petit monde de l’ornithologie planétaire de trembler à l’idée d’une contagion foudroyante de tous les Gyps existants… Jusqu’à ce que la vérité éclate, il y a deux ans environ (lire ici notre texte principal).

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