Le débat des JNE sur la création du Parc national des Calanques (synthèse des interventions)

Voici un résumé des interventions du débat sur la création du Parc national des Calanques organisé par les JNE le vendredi 6 mai 2011 à la Maison de l’Europe et des associations de Cassis, dans les Bouches-du-Rhône.

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par Yaneth Pinilla

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Le débat organisé par les JNE le 6 mai 2011 à Cassis sur le Parc national des Calanques - photo Christine Kristof

1. Jean-Marie Lafond (GIP des Calanques) : Présentation du projet.

« Le projet est fait par le Groupement d’Intérêt Public, GIP, présidé par Guy Tessier, député des Bouches-du-Rhône – Maire du Ve Secteur de Marseille. Le GIP est non pérenne, et disparaîtra une fois les tâches finies. Le PN des Calanques sera un des premiers parcs à se former sur la Loi du 14 avril 2006, pour faire face à un territoire fragilisé par des menaces, pour concilier les concepts protection et développement.

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C’est un projet qui existe depuis dix ans. Un premier périmètre d’étude de cœur du Parc avait été délimité par arrêté du Premier Ministre le 30 avril 2009, lors de la « prise en considération ». Il se basait globalement sur les sites classés et Natura 2000 des communes concernées. Ensuite il y a eu une concertation et a permis de préciser ces limites. Maintenant on travaille sur la version 3 du projet.

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On parle de patrimoine paysager, patrimoine naturel et patrimoine naturel marin. A terre, on a délimité un périmètre de cœur terrestre de 8.430 hectares, un aire optimale d’adhésion de 9.510 ; en mer, cœur marin de 42.570 hectares ; un aire maritime adjacente de 143.180 hectares ; zones de non prélèvement, 4.570 hectares, soit 10,7 % de cœur marin. La totalité du Parc national serait d’une surface totale du cœur : 51.000 hectares ; surface totale de Parc national de 203.000 hectares.
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Il y a une nouveauté concernant le projet : les usines abandonnées, les épaves repérés, l’impact de la randonnée (dont le balisage des secteurs autorisés), l’usage terrestre (la chasse), et en mer aussi le contrôle des déchets et de la pêche.

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Dans les objectifs de préserver la biodiversité de la Méditerranée, nous sommes également en discussions avec le PN de Port-Cros pour la protection du littoral.

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Pour la V3 du projet, les choses à modifier, pour gagner en cohérence, sont la gouvernance et la délimitation des zones protégées.

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Nous sommes en train d’élaborer une charte pour établir les usages et les activités. »

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2. François Fouchier (Délegué Régional du Conservatoire du Littoral)

« La délégation PACA est celle qui a plus de zones de protection. Nous travaillons avec toutes les forces vives. Nous suivons un plan de gestion. On s’adapte pour ouvrir au public ces territoires et en faire un bon usage,avec un cahier de charges très strict. Chaque territoire s’inscrit dans une cohérence territoriale.

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Les limites du PN, pour l’instant, sont assez théoriques. Il y a des vrais progrès à faire, notamment pour l’accompagnement du public. Ce que doit nous unir, c’est la passion que nous avons pour le site. Il y a une nécessité de coordonner et de se donner une ambition.

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Je partage l’avis sur le besoin du PN, mais il y a un débat sur la gouvernance. J’attends de voir comment les élus vont s’organiser. Je souhaite une gouvernance dans le giron du domaine public. »

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3. Béatrice de Crozet (Comité Écologique de Sauvegarde de La Ciotat)

« Nous sommes opposés à ce PN. Mais qui veut détruire la nature ? Les PN, avec la loi de 2006, deviennent un territoire à part dans l’Etat. Les territoires sont réquisitionnés. Les décisions sont à la discrétion du directeur du PN. Le PN n’est pas fait pour protéger la nature. Les Calanques sont déjà protégées pour la loi depuis 1975, avec Natura 2000.

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Nous ne sommes pas opposés aux lois. Mais dans le monde entier, à chaque fois qu’il y a un PN, les autochtones sont dépossédés de son territoire et le territoire lui-même n’est plus entretenu. Les PN ne sont pas faits pour protéger la nature. Je dois mentionner aussi l’UICN qui gère la politique de protection avec les ministères de l’Ecologie et de la Défense. Or, il y a des entreprises qui polluent et qui font partie de l’UICN. Ils ont le droit de polluer tant qu’ils payent.

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Nous ne sommes pas d’accord pour un PN car les espaces ne sont pas en danger.

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Il y a eu un sondage fait par La Provence. Résultat : presque 60 % de la population est contre le PN. »

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4. Bernard Hamel (Club Alpin Franҫais)

« Nous sommes pour le PN, même si ce n’est pas un chèque en blanc. Notre association, organisée en Fédération, compte presque 80.000 membres, dont 1.000 en région PACA. On considère qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre préservation du site et pratique de l’alpinisme. Par contre, il y a trop de visites aux Calanques et donc forcément une dégradation. Pour cela, il y a des solutions, comme faire et tracer des chemins, avec un balisement effectif et sérieux. Depuis le début du GIP, le Club en est membre parce que l’activité humaine ne doit pas être en contre la nature. A partir du moment où c’est interdit, on ne peut pas passer. Le PN nous semble être la solution pour faire respecter la réglementation. »

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5. Pierre Aplincourt (Union Régionale Vie et Nature – URVN)

« Nous fédérons 250 associations, 12.000 à 15.000 adhérents. Nous sommes favorables au PN parce qu’il implique des zones urbaines, avec 1.200.000 habitants. Nous avons signé trop de pétitions pour dire à chaque fois qu’il y a atteinte au territoire. Il existe une pression considérable. Le GIP essaie de faire un travail de démocratie participative, mais le projet demande encore des précisions sur les périmètres de protection de la nature et la gouvernance du projet du PN. Nous souhaitons qu’on favorise les acteurs locaux. »

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6. André Tourelle (Collectif des Calanques)

« Le projet PN a démarré sur une fausse note. Seuls les élus locaux ont des droits. Nous sommes en faveur du PN mais on se demande : quelle Charte ? Dans le projet de charte, on n’aime pas des aspects comme la zone de non pêche. La Ministre a dit 10 %, après 20 %. Si on continue, il ne restera plus grand-chose pour les pêcheurs, ainsi que pour d’autres petits métiers. En plus, on dit que seul le directeur du parc sera chargé de faire appliquer la réglementation. Alors, que vont devenir nos traditions ? Est-ce que c’est possible de faire un parc dans une ville ? Le PN est-il une solution ? Est-ce que c’est la seule ? On a des réglementations qui existent, qui sont fermes, pourquoi ne les applique-t-on pas ? Un parc régional ne sera-t-il pas plutôt la bonne solution ? Je réitère : nous sommes pour le PN, mais pas n’importe comment. »

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7. Didier Simonini (vigneron bio à Cassis)

« J’ose espérer que l’agriculture ne soit pas considérée comme une menace. Nous sommes des précurseurs dans le vin bio.

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Les vignerons ne sont pas opposés au PN, mais inquiets pour leur travail, fait depuis de générations en générations. Il existe déjà beaucoup de contrôles pour pouvoir développer notre savoir faire. L’AOC de Cassis est l’une des plus anciennes et la vigne est un métier des plus anciens dans la région. Le façonnage du paysage a été fait par l’agriculture.

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Nous avons fait des propositions sans réponse. Nous ne cherchons pas la polémique, et pour cela, nous faisons des propositions, résumées en 4 points :

– Intégrer notre réflexion dans la charte

– Etre associés dans la gouvernance du PN

– Participer à la rénovation et à l’évolution de la charte

– Respecter les artisans économiques. On souhaite pouvoir vivre du travail que nous faisons, à l’intérieur du PN.

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Nous avons une vraie détermination. La viticulture s’engage à s’inscrire en totalité à l’agriculture biologique, ce qui en fera la première AOC bio. »

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Réponse de Jean-Marie Lafond : « D’accord avec la proposition des vignerons. Notre objectif est d’inclure l’agriculture dans la charte. »

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8. François Labande (administrateur du Parc national des Ecrins, Mountain Wilderness)

« Le Parc des Ecrins a été créé en 1973. A cette époque, il y avait également des opposants et des enthousiastes. En 2011, tout le monde adhère. Tout le monde participe. Certains ont trouvé des avantages. C’est un exemple pour les PN. Un PN, c’est l’avenir. Longtemps l’homme a eu peur de la nature. Maintenant, il a peur de la protection de la nature ! Il va y avoir une charte avec un usage plus réglementé. Non, la protection de la nature n’est pas un obstacle au développement. »

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