Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) : un point de vue plutôt qu’un point de mire

Après 9 mois de préparation au sein des groupes de travail et du comité, la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) est enfin terminée et a été présentée officiellement le 19 mai.

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par Christine Virbel

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Sur la forme, l’élaboration a semblé lente à démarrer car les premiers comités ont surtout traité de la manière dont les réunions plénières et les groupes de travail (GT) allaient fonctionner. En GT, le travail était dès le départ plus concret.

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D’une manière générale et dans mon GT Communication, éducation, sensibilisation et participation (cesp), j’ai été plutôt satisfaite du processus d’élaboration de la stratégie. Notre part de texte de la SNB (orientation stratégique A et les 3 premiers objectifs) est celui que nous avons élaboré en GT et traduit bien les réflexions et propositions du groupe. Pour la petite histoire, un dérapage incontrôlé a toutefois eu lieu en avril, lorsque la version de l’orientation stratégique présentée en comité n’avait plus grand-chose à voir avec celle que nous venions de composer la semaine d’avant en GT. Des corrections, effectuées par des membres du comité ne faisant pas partie du GT et peut-être par le ministère aussi, l’avaient tronquée et mal réinterprétée. En disant clairement les choses en comité puis en renvoyant la version d’origine aux rapporteurs, le bon texte a retrouvé sa place. Fin de la petite histoire.

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En comité, l’ambiance a parfois été frondeuse, mais la démocratie a fonctionné lorsqu’un membre faisait part d’un désaccord sur un point précis. Bref, pour moi, la « grosse machine » a fonctionné, même s’il a fallu être vigilant et faire preuve d’opiniâtreté à un moment donné.

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Sur le fond, le texte est le fruit d’un compromis et d’une co-construction entre les différents organismes présents mais aussi au plan national et régional, sans oublier l’Outre-mer. Il pourra donc sembler généraliste à certains ou trop peu contraignant pour d’autres car sans objectifs chiffrés. Lorsqu’on regarde la première stratégie, élaborée en 2004, il faut reconnaître que beaucoup des ingrédients de celle d’aujourd’hui y figuraient déjà. Beaucoup, mais pas tous.

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En dehors de ces fondamentaux, la stratégie 2011-2020 ajoute tout d’abord un aspect qui me paraît novateur : celui de l’envie. Cette notion vise à rétablir le contact entre les gens et la nature, à une époque où nous sommes à 80 % urbains, et pour beaucoup enfants et petits-enfants d’urbains. L’orientation stratégique A vise à sensibiliser au respect de la biodiversité par le plaisir ou l’étonnement, bref par l’affect et non plus par l’angoisse.

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Autre avancée, et de taille, celle de la constatation que la biodiversité et les ressources naturelles sont « affectées par le mode de croissance économique actuel ». L’idée a été proposée en comité, acceptée en quelques minutes et jamais remise en question. Le texte reconnaît également que certaines politiques publiques « contribuent à accroître les pressions sur la biodiversité ». Enfin, les radio-éléments sont cités comme polluants affectant la biodiversité, mettant fin au tabou des Grenelle.

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Regarder plus loin que la SNB

Il faut replacer la SNB dans son contexte : elle est la déclinaison de la SNDD pour la biodiversité et la réponse nationale aux engagements internationaux pris sur le papier par la France. La copie est donc rendue.

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Au plan national, elle est la promesse de mise en œuvre de mesures pour sauvegarder la biodiversité. Une promesse de plus ? Je pense qu’il y aura des avancées. Reste à savoir si elles seront assez rapides ou suffisantes pour sauvegarder la biodiversité.

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Mais en regardant plus loin que la SNB, et si l’on couple à son lancement celui de la SNDDS du ministère des Sports ou que l’on écoute le MEDEF qui, par la voix d’une femme aussi, souhaite « relier l’éthique au vivant (…) penser le capitalisme dans sa version philanthropique, être dans le rationnel mais se donner le droit à l’émotion»*, on peut peut-être regarder la SNB comme un des éléments accompagnant le changement d’état d’esprit qui s’opère chez de plus en plus d’individus en France et au niveau international, surtout depuis la conférence de Nagoya, et récemment avec la catastrophe nucléaire de Fukushima.

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La SNB peut alors devenir une occasion ou un support pour entreprendre de nouvelles initiatives et donner à chacun plus de poids pour rappeler à l’Etat ses engagements. Comme l’a fait remarquer Chantal Jouanno lors de la présentation de la SNDDS, « les collectivités vont beaucoup plus vite que l’Etat dans le domaine de l’environnement. » J’ajouterais les associations et les ONG aussi, et en particulier l’association des JNE qui existe depuis plus de 40 ans et qui a démarré sa vie associative par un beau succès : la création du parc de la Vanoise.

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La SNB n’est pas importante pour ce qu’elle est, mais pour ce que l’on peut en faire.

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* Point presse du MEDEF du 17 mai 2011

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A venir sur le site des JNE : d’autres articles sur les applications de la SNB et sur les projets de l’association.

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