Les JNE participent à la révision de la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB)

Depuis l’été dernier, le ministère de l’Ecologie élabore sa nouvelle Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB), laquelle a été présentée officiellement le jeudi 19 mai devant la ministre. Prévue pour la période 2011-2020, elle est censée faire oublier les échecs de la précédente stratégie, lancée en 2004 et unanimement dénoncée pour son manque de moyens et de portage politique. Les JNE ont été invités à contribuer à cette nouvelle mouture et deux membres du CA se sont portés volontaires : Christine Virbel et moi-même. L’objectif était aussi d’observer l’élaboration du processus depuis l’intérieur…

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Par Catherine Levesque

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La SNB, c’est quoi ?

La SNB répond à la mise en œuvre par la France de la Convention sur la diversité biologique (CDB), à la suite des engagements pris à Rio en 1992 et renouvelés à Johannesburg en 2002. Elle s’articule avec la stratégie européenne pour la biodiversité et les directives européennes. Déclinaison majeure de la Stratégie nationale de développement durable (SNDD), elle correspond à son volet biodiversité se veut une réponse aux engagements du Grenelle de l’environnement.
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L’enjeu de la nouvelle SNB étant de faire mieux que la précédente, l’idée a été de mobiliser les acteurs nationaux et locaux dès sa conception, dans le fameux esprit de « co-construction » du Grenelle, si contesté depuis.

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On adhère, puis on s’engage

Depuis l’été dernier, de nombreuses réunions ont donc eu lieu à Paris pour élaborer un document qui servira de cadre de référence et d’orientation pour les acteurs publics et privés. Il sera accompagné d’un guide pour l’action, sorte de boîte à outils avec des pistes concrètes, et d’une déclaration d’adhésion.

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Les acteurs qui ont signé cette déclaration d’adhésion (c’est déjà le cas pour certains) disposeront ensuite d’un délai de 18 mois pour concrétiser leur adhésion par une déclaration d’engagement volontaire à la SNB. Comprenez : première étape, déclaration d’intention ; seconde étape, on met les mains dans le cambouis !

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Estampillé par le ministère, l’“ engagement SNB ” sera reconnu pour trois ans. Il est censé constituer un gage de qualité et de cohérence sur les projets menés. Il donne droit à citer la SNB dans toute action de communication (nous y voilà !) et à utiliser le visuel de la SNB. Sans conséquence légale, il n’induit pas de fait un soutien financier.

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Les coulisses d’une usine à gaz

Durant le processus d’élaboration de la SNB, deux types de réunion avaient lieu : celles du Comité de révision*, instance de pilotage, de validation, de relais et de portage institutionnel (composée de 120 représentants de diverses obédiences) et celles des 8 groupes de travail, lieux de propositions (GT Processus et architecture, GT Vision, GT International, GT Outre-mer et coopération régionale, GT Instruments de régulation et d’intégration de la biodiversité dans les politiques, GT Innovation et connaissance, GT Biodiversité, santé et social + Observatoire national de la biodiversité (ONB).

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Christine Virbel a participé aux réunions du Comité de révision et au Groupe de travail « Communication, éducation, sensibilisation et participation (CESP). J’ai pour ma part participé au GT « Collectivités et politiques publiques territoriales ».

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Une consultation grand public

Considérés comme une « tête de réseau » au même titre que les autres contributeurs, les JNE ont notamment été sollicités en mars dernier pour relayer le lancement de la consultation auprès du grand public sur Internet, du 25 mars au 15 avril. Plus de 6 300 contributions ont été recueillies.

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L’ambition de la SNB

Préserver et restaurer, renforcer et valoriser la biodiversité

En assurer l’usage durable et équitable

Réussir pour cela l’implication de tous et de tous les secteurs d’activité

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6 orientations stratégiques et 20 objectifs

A) Susciter l’envie d’agir pour la biodiversité

B) Préserver le vivant et sa capacité à évoluer

C) Investir dans le capital écologique

D) Assurer un usage durable et équitable de la biodiversité

E) Assurer la cohérence des politiques et l’efficacité de l’action

F) Développer, partager, valoriser les connaissances

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Mon point de vue

Le calendrier des réunions s’est avéré très serré entre septembre et mai et il était souvent impossible de solliciter le réseau JNE en raison des délais de réponse imposés. En outre, des représentants importants étaient absents à certaines réunions. Sans parler du déséquilibre entre la participation des représentants qui ont du temps et les autres…

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J’ai trouvé l’exercice d’écriture très fastidieux, avec de nombreuses questions de sémantique et de méthodologie, certes nécessaires, mais presque paralysantes.

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Est-ce l’effet Nicolino, mais j’ai senti l’influence palpable de certaines structures par rapport à d’autres, voire la collusion entre certaines associations ou structures et le ministère…

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J’ai été choquée par certains propos du représentant de la FNSEA sur l’agriculture bio et les circuits courts, partagés en partie par une responsable du ministère (sic) ; par certains propos sur l’exploitation forestière et la biodiversité ou la protection des grands prédateurs… Par le manque de culture et d’engagement sur ces problématiques de la part des collectivités et notamment d’associations comme celle des maires de France. Pour tout dire, perplexe quant à la mobilisation en personnes et en temps que représentent ces travaux par rapport aux résultats que l’on peut imaginer, dans la mesure où l’on reste dans l’incitation.

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Il était néanmoins intéressant que les JNE soient présents pour comprendre les mécanismes, les freins d’un tel processus, voire pour infléchir certaines propositions dans les cas où les propos n’étaient pas retranscrits fidèlement (lire ici le texte de Christine Virbel).

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Pour l’heure, le ministère s’empresse de connaître les intentions fermes d’adhésion. A un an des élections présidentielles, reste à voir quels moyens seront déployés derrière…

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* Ce comité est présidé par Jean-Claude Ameisen (Comité consultatif national d’éthique)

7 collèges : Etat, élus, organisations professionnelles, syndicats de salariés, associations et autres structures de protection, connaissance ou éducation à l’environnement, établissements publics, personnalités qualifiées.

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