Les risques écologiques liés à l’offshore

Voici un article publié le jeudi 28 avril 2011 dans la page écologie de La Nouvelle République-Algérie.

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par M’hamed Rebah

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Plus d’un an après la marée noire sans précédent qui a touché le Golfe du Mexique, la prise en compte du risque écologique, considérable, que présente une exploitation pétrolière offshore pour l’environnement marin, s’est imposée dans les projets de forages en mer au point de les compromettre dans beaucoup de cas.

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L’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon du groupe pétrolier britannique British Petroleum, le 20 avril 2010 – en pleine année internationale de la biodiversité, faut-il le souligner – dans une zone riche en biodiversité marine, a révélé l’insouciance des autorités américaines, sans doute aveuglées par les perspectives de profits financiers tirés du pétrole, qui n’ont pas exigé de BP que des mesures soient prévues pour prévenir la catastrophe écologique.

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Finalement, l’accident qualifié de Tchernobyl pétrolier – près de 700 000 tonnes de brut déversées dans la mer – a touché les côtes des Etats américains de la Louisiane, de l’Alabama, du Mississipi et même de Floride, mais aussi des Etats voisins comme Cuba et le Mexique et a remis en cause l’avenir de l’exploitation pétrolière off shore.

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Après cet accident, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) n’a pas attendu pour demander un moratoire sur l’extraction de gaz et de pétrole dans les zones écologiques sensibles. L’administration américaine a visiblement été attentive à cette demande puisqu’elle a annoncé un moratoire et l’interdiction des nouveaux projets de forages pétroliers en mer dans l’est du golfe du Mexique et au large des côtes de l’Atlantique et du Pacifique pour les sept prochaines années.

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La société britannique est allée chercher ailleurs et, au début de cette année, a trouvé un terrain d’entente avec la société russe Rosneft pour l’exploitation conjointe du plateau continental de la mer de Kara, en bordure de l’océan Arctique, dont les fonds recèleraient d’importantes quantités de pétrole ou de gaz naturel.

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Plus près de nous, en février, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a mis en garde contre les risques environnementaux de forages en eau profonde pour exploiter des gisements de gaz dans l’est de la Méditerranée. Les forages aveugles sur des réserves de biodiversité marine pourraient causer des dommages irréparables sur ces écosystèmes uniques, particulièrement fragiles et vulnérables, avertit le WWF. Il s’agit, selon le WWF, d’écosystèmes exceptionnels avec des espèces rares telles des éponges d’eau de grand fond, des mollusques et des coraux d’eau froide dont certains ont plusieurs milliers d’années. Une fois qu’un écosystème en eau profonde a été foré, explique le WWF, cela peut prendre un millier d’années ou plus pour reconstituer l’unique micro-écosystème.

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L’Algérie est concernée par l’exploitation offshore. Depuis déjà quelques années, les plus hauts responsables du secteur de l’énergie insistent sur la nécessité de développer les connaissances et l’expérience de la Sonatrach dans l’offshore. Un partenariat avec la société brésilienne Petrobras a été établi pour permettre à Sonatrach d’approfondir davantage ses connaissances dans ce domaine afin de renforcer sa position sur le marché international.

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La compagnie nationale a envisagé de procéder à deux forages d’exploration offshore, un à l’ouest et l’autre à l’est du pays d’une profondeur de 10 kilomètres.

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Sonatrach a décroché en 2005 deux blocs d’exploration en offshore dans la région africaine et, en association avec le groupe norvégien Statoil, un bloc d’exploration offshore en Egypte. L’expérience de Sonatrach en off shore acquise en Egypte est destinée à être mise à profit dans l’ouest-africain.

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Pour connaître le potentiel de l’offshore algérien – inconnu, estiment les experts, du fait de l’absence d’exploration en la matière dans le pays – la Sonatrach a prévu l’exploration d’un bloc en mer Méditerranée d’une superficie de quelque 5 000 km², s’étendant sur une bonne partie du littoral algérien, d’est en ouest.

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Tout récemment, les cadres du ministère de l’Energie et des Mines et des dirigeants du groupe Sonatrach ont pris part à Ravenna (Italie), aux travaux de la Conférence sur l’offshore en Méditerranée, qui a regroupé plusieurs pays producteurs de pétrole et de gaz. A cette occasion, la presse a évoqué le projet de partenariat algéro-tunisien d’exploration pétrolière offshore dont les travaux devraient commencer en 2011, au large des côtes tunisiennes, dans le cadre du partenariat (50/50 %) entre Sonatrach et l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap).

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Les leçons de la catastrophe provoquée par l’explosion de la plate-forme de BP dans le Golfe du Mexique incitent à se fixer les standards environnementaux les plus élevés pour anticiper face aux risques écologiques maintenant avérés qui menacent le milieu marin.

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