Vingt-cinq ans après Tchernobyl, le Bélarus toujours irradié

Au cours d’une conférence de presse donnée le 19 novembre dernier, l’association Enfants de Tchernobyl Bélarus et l’Institut de protection Belrad de Minsk ont livré des informations peu rassurantes sur la pollution radioactive en Bélarus.

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par Laurent Samuel

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Début 2010, Belrad, institut indépendant créé en 1990, a réalisé 21 111 analyses réalisées par sur des enfants et des adultes de Bélarus (ex-Biélorussie). Conclusion : « on ne peut constater de tendance à la baisse des niveaux d’accumulation de radionucléides chez les enfants ».

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D’après les mesures présentées au cours de la conférence de presse par Alexey Nesterenko, directeur de Belrad, « depuis le début de l’année 2010, ont été analysés 1074 échantillons de nourriture, matières premières agricoles, et alimentation pour animaux. Un excès des doses admissibles a été enregistré dans 169 cas, soient 16 % des échantillons analysés. Parmi ceux ci, présentant un excès des niveaux admissibles de radionucléides, on trouve du lait, champignons, baies, gibier, oseille, masse verte (pour bétail). L’activité maximale observée dans les champignons séchés dépassait les 231 000 Bq/kg (pour un niveau acceptable de 2 500 Bq/kg) ».

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Au cours de cette conférence de presse qui se déroulait au Solar Hotel, dans le 14e arrondissement de Paris, Yves Lenoir, Président de l’association Enfants de Tchernobyl Bélarus, a souligné que l’institut Belrad doit être soutenu, car c’est la seule source d’information indépendante sur la radioactivité au Bélarus. Des représentants de Sortir du Nucléaire, de la Crii-rad et de France-Libertés, présents à la conférence de presse, ont exprimé leur soutien à Belrad.

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Yves Lenoir, scientifique engagé de longue date contre le nucléaire, et Alexey Nesterenko, ont aussi présenté les cures de pectine données aux enfants de Bélarus par Belrad. Selon leurs conclusions, l’administration régulière de cette substance présente notamment dans les pépins et zestes des pommes et coings aurait permis une baisse de 70 % de la contamination interne des enfants. Mais voilà, ce traitement simple et peu coûteux, dont l’intérêt a été reconnu dès 1981 par l’Organisation mondiale de la santé, et qui a été recommandé en 2003 par le ministère de la Santé de la Fédération de la Russie, est farouchement combattu par les autorités bélarusses. Motif invoqué : la pectine éliminerait non seulement les radio-éléments, mais aussi les oligo-éléments nécessaires à la défense de l’organisme.

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Pour Yves Lenoir, cet acharnement anti-pectine s’explique en réalité par une volonté délibérée de faire du Bélarus, victime de 70 % des rejets de Tchernobyl, un terrain d’observation des effets de la radioactivité sur les êtres humains. Les habitants seraient ainsi des « cobayes » involontaires d’une terrifiante expérience en vraie grandeur…

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Pour en savoir plus, le site d’Enfants de Tchernobyl Bélarus et celui de l’Institut Belrad.

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