Les vipères ne tombent pas du ciel – L’écologie au défi des classes populaires par Éric Aeschimann

Dans ce livre enlevé, l’un des journalistes en charge de l’environnement au « Nouvel Obs » s’interroge sur les causes de l’actuel « backlash » écologique. À ses yeux, le poids des lobbys hostiles à la transition écologique et des médias et partis politiques qui les soutiennent n’explique pas tout. Les « classes populaires », en particulier dans les campagnes, ont une perception très négative des « écolos » qui leur imposent des normes et contraintes (voitures, chauffage, etc.) vues comme injustes, arbitraires et parfois absurdes (dérive technocratique) tout en multipliant les injonctions morales à adopter un mode de vie plus sobre. Pour sortir de cette impasse, Éric Aeschimann propose de renoncer à donner la priorité à vouloir imposer – par la réglementation et l’incitation aux « petits gestes » un changement des comportements. L’urgence à son avis est de transformer les « grands systèmes polluants » par la planification écologique, hélas négligée par les gouvernements récents, afin de lutter contre les inégalités sociales croissantes et la destruction du vivant qui vont de pair.

Mais au fait, pourquoi ce titre « Les vipères ne tombent pas du ciel » ? Eric Aeschimann fait référence à une rumeur apparue peu après le vote de la grande loi sur la protection de la nature de 1976, qui avait fait de la vipère une espèce protégée, au grand dam de nombreux ruraux. Selon cette rumeur, des lâchers secrets de vipères avaient lieu par avion ou hélicoptère. Une fake news à coup sûr, mais qui, comme l’a montré la sociologue Véronique Campion-Vincent dans une étude publiée en 1990, s’appuyait sur une réalité à l’époque négligée : la loi de 1976 autorisait des labos pharmaceutiques à prélever des vipères afin d’extraire leur venin nécessaire à la fabrication de sérums, à condition de les relâcher ensuite. L’auteur fait de cette affaire le symbole du divorce ancien et persistant entre les ruraux et les protecteurs de la nature. On se permettra d’estimer que cette vieille histoire n’a pas grand chose à voir avec les révoltes récentes contre les ZFE ou l’interdiction des voitures thermiques. Mais reconnaissons que ce titre provocateur donne envie au lecteur de se plonger dans cet ouvrage stimulant, qui devrait susciter le débat !

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Éditions Les liens qui libèrent, 224 pages, 19,90 € – www.editionslesliensquiliberent.fr
Contact Presse : Anne Vaudoyer. Tél.: 06 63 04 00 62 – anne.vaudoyerpresse@gmail.com
(Laurent Samuel)
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