Le 1er mai 2024, le Ch’ni entamait son siège éditorial de la ville de Besançon. Presque deux ans après, le journal en ligne jouit d’un ancrage local et devient une référence sur des questions d’extrême droite, de quartiers prioritaires et de mouvements sociaux.
par Jocelyn Peyret
L’équipe rédactionnelle est stable autour d’un noyau de 4 ou 5 personnes qui, malheureusement doivent exercer un travail alimentaire à côté pour subvenir à leurs besoins. En attente d’une homologation SPEL1, qui devrait éventuellement permettre de postuler à certaines subventions, cette disponibilité bénévole n’a pas empêcher le Ch’ni, selon Toufik de Planoise, un des fondateurs du journal en ligne, « d’avoir un ancrage au niveau local, de devenir une référence pour ce qui est des militants et des mouvements sociaux ».
Cette précarité ne semble pas gêner Toufik, qui explique que « le fait d’être rétribué par rapport à un travail dans le journalisme, ça m’obligerait en tout cas dans les conditions dans lesquelles on est, de développer peut-être des axes un peu plus tapageurs plutôt que de privilégier le fond, pour essayer de faire du clic et donc d’avoir des revenus et essayer d’en vivre. Paradoxalement, j’ai l’impression que le fait d’être un peu en galère économique de ce côté-là, mais de ne rien attendre en fait en termes de rétribution, ça me permet d’être peut-être plus libre quelque part. Mais bon, c’est un vaste sujet. »
Le rythme de parution, quasiment quotidien, répond à la situation de la ville de Besançon et environs où « il y a suffisamment de matière pour qu’on n’ait pas trop à s’impatienter. L’objectif est de ne pas attendre qu’on ait des communiqués ou des coups de fil. On va essayer de chercher l’information, d’investiguer mais aussi de développer des axes négligés par les autres médias, des portraits ou simplement donner la parole à des gens qu’on n’entend jamais. »
Ce fut le cas lors des mouvements du 10 septembre, pour lesquels « c’était assez consternant comment la presse quotidienne régionale ne traita absolument pas du sujet. Et là justement je pense qu’on a notre épingle à tirer. Être un média indépendant c’est être sur le terrain, aller au fond et donner la parole aux principaux concernés. »
A Besançon, il se passe énormément de choses et, en ce moment, « comme partout, il y a la question des municipales qui amène un certain nombre de notables à prendre des positions ou à faire des boulettes. Pour les municipales, on va pas se précipiter, on va pas faire un article à chaque polémique ou à chaque candidature qui se déclare. On va essayer de prendre le temps. Par exemple, sur la question de l’extrême droite électoraliste, on va essayer de monter des dossiers de fonds parce que les candidats n’émanent pas de nulle part, on connaît un peu leur cursus et leurs casseroles ! »
En juin 2025, le Ch’ni publiait son premier numéro papier, à prix libre. Cette parution répondait « à la présence du journal au festival Besac Antifa-Fest sur les luttes antifascistes à Besançon. Nous étions présent au village associatif, ce qui fut l’occasion de voir si on était capable d’essayer un nouveau format. On a voulu s’adapter au festival en proposant un condensé de ce qu’on avait publié l’année écoulée sur les questions intersectionnelles, de convergences des luttes et autour de l’extrême droite locale parce que c’est un gros sujet qu’on traite assez régulièrement puisque malheureusement ce n’est pas dans la presse locale que les investigations sortent. Je relativise quand même un petit peu les choses pour l’extrême-droite, ce sont toujours les 10-15 mêmes protagonistes qui représentent absolument que dalle. Ils sont même dans l’aveu d’un échec quelque part, parce qu’ils en sont à être dans une hyper violence pour essayer de combler le fait qu’ils n’ont aucune assise au niveau local. »
Toufik admet qu’« il y a peut-être un effet grossissant du fait qu’il y a une tradition locale, militante ou journalistique, d’exposer avec un travail extrêmement fourni toutes ces mouvances. Il y a une histoire ouvrière et révolutionnaire à Besançon qui est très importante. C’est un héritage encore actif, que ce soit au niveau sociologique, politique ou même militant. Il y a eut Lip, la Rhodia et il y a eu aussi pas mal de journaux au cours du vingtième siècle. Il y a une inscription inconsciente dans un héritage contestataire. »
Pour aller plus loin
Le Ch’ni en ligne – www.lechni.info
Les Autres Voix de la Presse – www.lesautresvoixdelapresse.fr
(1) Statut de service de presse en ligne.