Plurivers – Un dictionnaire du post-développement par Ashish Kothari, Alriel Salleh, Arturo Escobar, Federico Demaria et Alberto Acosta (éds.)

PLURIVERS, le mot surprend. Il évoque le contraire de l’univers, l’idée que le globe terrestre accueille non pas un seul monde, mais une multitude de mondes, une multitude de visions et de pratiques qui permettent à des femmes et des hommes de vivre, bien vivre avec leurs compagnons que sont les autres humains, la faune et la flore, de sauvegarder, même d’enrichir les sols qui les nourrissent. Leur existence est la négation de l’idéologie et des mesures du développement sous ses aspects chronopolitiques, géopolitiques et sociopolitiques. «Des  »Limites de la croissance » en 1972 aux  »Limites planétaires » en 2009, l’analyse est claire : le développement en tant que croissance [dicté par le capitalisme des dernières décennies du XX-ème et des premières du XXIème siècle -S.K.] conduit à une insoutenabilité de la planète Terre.» (Wolfgang Sachs, auteur l’Avant-propos) Ce dictionnaire du post-développement coordonné par quatre chercheur.e.s et rédigé par 121 auteur.e.s venant des quatre coins de la Terre nous fait comprendre la manière de penser et d’agir, la spiritualité de ces peuples à qui on doit 80% de la biodiversité restante.

Les dictionnaires ont leur place dans notre bibliothèque, et on les sort en cas de besoin. Celui-ci est différent : on veut le lire tout entier, car il promet de partir à la découverte de ces mondes ignorés, «sous-développés», «en voie de développement», «pauvres» selon les époques et le jargon choisi par les institutions développementistes. Après l’introduction intitulée «Trouver des voies pluriverselles» on a envie de s’aventurer dans ces concepts exotiques qui décrivent les formes variées des relations fusionnelles des humains avec la faune et la flore. Ils ne les protègent pas, ils vivent simplement en harmonie avec elles, même quand ils les cueillent, chassent ou pêchent. Pour citer quelques unes des entrées, «Écologie Jaïne» (Inde), «Hurai» (Chine), «Kametsa Asaike» (Pérou), «Kyosei» (Japon), «Kawsak Sacha» (Équateur), «Localisation ouverte» (Grèce), «Minobimaatisiiwin» (Canada), Nayakrishi Andolon» (Bangladesh), «Production néguentropique» (Mexique), «Ubuntu» (Afrique du Sud). L’aventure vaut la peine ; elle nous donne l’espoir, malgré les scies, les bulldozers, les marteaux-piqueurs, les bétonneurs, qui nous rappellent que le monde de «l’exploitation» des «ressources naturelles», «compensée» ou non, est toujours là. Dans tous les continents il y des femmes et des hommes, des tribus, des alliances de tribus qui défendent leurs mondes spirituels et matériels, qui seront, selon toutes les prévisions, plus résilients que celui régi par les «exploiteurs» et par les gouvernements à leur service.

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Éditions Wildproject, 507 pages, 25€ – www.wildproject.org
Contact Presse : Gayané Zavatto – presse@wildproject.fr
(Suzanne Körösi)
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