Nous avons eu depuis 2017 un baby-boom d’associations de riverains s’érigeant contre les coupes rases forestières, contre les permis de construire (d’abord de détruire) mettant à mal les arbres urbains, contre la « mal-forestation » en France, contre des projets industriels pharaoniques prêts à écluser les régions pour le bois-énergie… A cela s’ajoute la vague des sylvothérapeutes, sans compter une envolée de propos sur l’intelligence des plantes… En bref, la forêt n’a pas eu le temps de devenir un sujet qu’elle est déjà devenue un créneau médiatique recouvert par des journalistes ne connaissant pas le réseau pour l’investiguer, et par des représentants d’intérêts craignant de se voir remis en cause. D’où l’importance à donner une lisibilité sur ceux qui ont mûri le sujet dans le temps long. Alain Persuy fait partie de ces acteurs, étant lui-même écologue et forestier, familier des colloques et des groupes de travail interdisciplinaire, de surcroît au fait des rassemblements militants. Il fait donc partie de ceux parfaitement à même de tenir un rôle de pédagogue devant les nouveaux venus voulant mieux se renseigner pour défendre la forêt.
Le premier tiers de son livre présente le casting de la forêt, rappelant qu’elle est initialement un écosystème et pas uniquement « une société d’arbres », surtout pas « un champ d’arbres ». S’en conclut que la sylviculture ne doit pas se confondre avec une « ligniculture » pure et simple. Dès lors, nous est rappelé que l’ours, le champignon mycorhizien, le coléoptère, le campagnol… sont autant des parties de laforêt que le chêne ou le pin. Déjà dire qui s’incorpore au grand tout de la forêt parmi les espèces, nous rappelle de quoi nous parlons face aux manquements professionnels et autres périls. Fort de cette compréhension, Alain Persuy par maints exemples relatés, enjoint l’opinion publique à des discernements plus matures face à des intérêts industriels qui ne voient dans la nature que biomasse potentielle. Pareilles dérives obligent le paradigme systémique du Vivant à s’adapter au paradigme systématique des dividendes à court terme. Nous comprenons dès lors l’ineptie de cette dérive à travers « la transition écologique » si les alertes naturalistes n’ont pas en appui la vigilance de la société civile. Ce livre présente une contre-argumentation propre à décomplexer les indignations premières du grand public souvent sujet à la sidération devant la complexité des débats, sans compter la partialité de maintes expertises.
La dernière partie de l’ouvrage expose « la boite à outil » qui suit le changement de conscience pour tout citoyen voulant s’engager à défendre la forêt la plus adéquate pour la régulation climatique, pour la nature, et pour l’humain, voire même pour son économie ! Il donne notamment des adresses d’ONG, et des QR-codes pour prolonger l’approfondissement du sujet sur le web. C’est donc un livre de premier débroussaillage de réseau dans un vivier de spécialistes et d’associations encore plus vaste, et en constant renouvellement. Un « guide militantiste », après l’époque des guides naturalistes…
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Éditions Double ponctuation,173 pages, 16 € – www.double-ponctuation.com
Contact presse : Étienne Galliand. Tél.: 06 13 29 13 29 – contact@double-ponctuation.com
(Bernard Boisson)
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