Les sanctuaires animaliers au coeur des discussions – par Frédérique Gilbert

Une adhérente des JNE, fondatrice de l’association Cetasea, nous livre des éléments de réflexion sur les sanctuaires animaliers.

par Frédérique Gilbert

Qu’est ce qu’un sanctuaire animalier ?
Un sanctuaire animalier est une installation où les animaux sont amenés à vivre et à être protégés pour le reste de leur vie. Dans certains cas, un établissement peut avoir les caractéristiques à la fois d’un sanctuaire et d’un refuge ; par exemple, certains animaux peuvent être en résidence temporairement jusqu’à ce qu’un meilleur lieu pour l’animal soit proposé, soit les garder à vie parce que c’est la meilleure solution pour eux. Les animaux qui vivent dans un sanctuaire ont la possibilité de se comporter le plus naturellement possible dans un environnement protecteur.
Les animaux arrivent dans un sanctuaire lorsque les zoos ou les cirques ferment, parce qu’ils ne peuvent plus s’en occuper pour des raisons financières ou qu’ils n’ont plus de place, qu’il y a des conflits sociaux, pour des soucis de surpopulation ….
Les cirques animaliers deviennent de moins en moins populaires au fil du temps, en particulier dans les pays les plus développés. Certaines villes et même certains pays ont interdit l’utilisation d’animaux dans les cirques.

Les sanctuaires sont-ils voués à réintroduire les animaux en milieu naturel ?
Les animaux élevés à la main ne peuvent pas survivre dans la nature. Les différentes espèces, en particulier les mammifères, apprennent à chasser et à chercher de la nourriture, à se protéger des prédateurs et à interagir avec d’autres individus. Les animaux élevés par les humains n’auront pas ces compétences et ne survivront donc pas.
De plus, la nourriture ne se présente pas de la même manière en milieu naturel et en captivité. Par exemple, les mammifères marins captifs reçoivent du poisson dégelé. La congélation tue toutes les bactéries et virus des aliments. Les animaux qui ont vécu dans des bassins n’ont donc jamais été confrontés à cela et peuvent vite devenir malades dans le milieu naturel.
Les scientifiques travaillent très soigneusement sur les programmes de réintroduction des espèces, ils minimisent tout d’abord les contacts humains avec ces animaux et conçoivent des enclos spéciaux pour assurer leur survie dans la nature. La prémisse d’une réserve faunique est d’empêcher la reproduction pour le divertissement humain. Il est possible que les sanctuaires dépensent beaucoup d’argent pour réhabiliter ces animaux issus de la captivité qui ne sont pas prêts pour la vie sauvage, et meurent peu de temps après dans la nature.
Il pourrait être plus efficace de financer des projets de conservation pour les animaux sauvages ou nés expressément pour ces programmes.

Les animaux vivent-ils en liberté dans les sanctuaires ?
Les sanctuaires doivent offrir de multiples possibilités pour la stimulation physique et psychologique. Le but de l’enrichissement est de fournir des moyens pour que les animaux adoptent des comportements naturels, et non de créer un lieu attrayant pour les humains.Les besoins sociaux des animaux doivent également être une priorité absolue pour former des relations, des troupeaux et des meutes…
En fonction des besoins spécifiques des différentes espèces, les animaux doivent disposer d’un grand espace horizontal et vertical pour explorer, errer, grimper, nager, patauger et se nourrir. Un lieu dans lequel l’animal reste en bonne santé et est suivi par les vétérinaires.

La pédagogie doit-elle être présente dans les sanctuaires ?
Les sanctuaires éduquent le public de deux manières. Tout d’abord, comme les zoos, les animaux des sanctuaires peuvent jouer le rôle d’animaux ambassadeurs. Les sanctuaires fournissent un contenu éducatif via leurs sites Web et leurs pages de médias sociaux, et certains sanctuaires proposent des visites au public (en observant de loin, sans déranger les animaux), très intéressant d’observer les comportements naturels… Oui oui, les phoques passent une bonne partie de leur vie sur terre.
Une véritable réserve faunique n’a pas comme objectif de gagner de l’argent. Ils doivent réunir des fonds pour s’assurer que les animaux sont soignés, développer les installations et aussi travailler sur la conservation des espèces sauvages.
L’une des missions les plus importantes des sanctuaires, au-delà des soins aux animaux, est d’éduquer le public. Le but ultime de nombreux sanctuaires est de changer la façon dont les humains pensent.

Photo du haut : dauphins © Frédérique Gilbert