Petit déjeuner autour du livre « l’Alimentation en otage »

Le 16 juin 2015, vingt journalistes AJE et JNE ont échangé avec José Bové, Gilles Luneau et Hugues Piolet (cartographe) sur leur livre : l’Alimentation en otage (éditions Autrement). Quelques chercheurs de La Paillasse, le lieu qui nous accueillait, s’étaient joints à nous.

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par Jean-Luc Fessard

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Une mainmise sur le contenu de nos assiettes

9782746741164FSUn excellent livre, de 150 pages, plein d’informations que la cartographie met très bien en valeur. Mais un livre cauchemardesque dans sa description de la mainmise de quelques multinationales sur le contenu de nos assiettes.

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Avec toutes les implications de cette confiscation des ressources : les graines, les plantes et les animaux, pour transformer le vivant en matières premières. Résultat: les agriculteurs sont dépossédés de leur métier et les consommateurs bernés sur la qualité des produits.

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Un problème pour l’alimentation du futur

Le productivisme qui a permis à l’industrie de prendre le monopole sur agriculture serait né en URSS, dans les kolkhozes. Des entreprises américaines comme Caterpillar ont conduit l’agriculture vers ce modèle industriel qui tue la biodiversité, érode les sols, fait perdre des savoir-faire … et devient un problème pour l’alimentation du futur.

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Ce modèle à base d’intrants chimiques (engrais et pesticides) atteint ses limites, parce qu’il dépend de ressources fossiles en voie d’épuisement comme les phosphates, la potasse ou les engrais azotés à base de pétrole. Nous devons sortir maintenant de ce modèle. Même la FAO y travaille, mais l’industrie veut garder son business. Pour cela des organismes (comme l’ILSI) captent les subventions, conseillent les politiques, font du lobbying.

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Une appropriation du vivant et des terres

Ces industriels simplifient l’agriculture dans une logique technicienne au détriment de la complexité du vivant. Avec le brevetage des semences, les engrais et les pesticides de synthèse, les paysans perdent leur autonomie. A cela s’ajoute la confiscation des sols, alors qu’un actif sur deux est un paysan, par exemple en Europe de l’Est, en Hongrie, en Roumanie pour une captation des aides de la politique commune.

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Par le jeu des accords du commerce international, la concentration est telle que quatre sociétés peuvent affamer le monde. Pour les œufs, deux sociétés fournissent actuellement 70 % des blancs et des jaunes.

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Un marketing qui masque la réalité

Et les marques, par un habillage habile, vendent des représentations mentales qui ne correspondent pas au contenu réel de la nourriture vendue. Dans les élevages industriels, la production agricole devient un sous-produit de la production d’énergie, sans nécessité de garantir une économie viable pour l’agriculteur. Il devient un producteur de minerai. Les revenus se font sur d’autres activités plus rentables.

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Mais cela bouge, il y a de plus en plus de lieux de résistances, par rapport aux semences, à l’élevage, aux agro-carburants.

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