SOS lancé par les écologistes d’Oran : le lac Télamine réceptacle des eaux usées des environs

Bien que classé sur la liste Ramsar, le lac Télamine reçoit des eaux polluées provenant des communes environnantes et de la zone industrielle de Hassi Ameur.

 

par M’hamed Rebah

 

« Les zones humides pour notre avenir », c’était le thème, en 2015, de la Journée mondiale qui est consacrée à ces écosystèmes le 2 février de chaque année.  Le bref communiqué de l’Unesco publié à cette occasion, rappelle qu’elles sont souvent traitées comme des espaces à l’abandon et cite un chiffre qui devrait donner à réfléchir sur l’état de la nature : 64 % des zones humides de la planète ont disparu depuis 1900. Elles sont pourtant considérées comme les écosystèmes les plus divers et les plus productifs. Les spécialistes soulignent leur rôle primordial dans la préservation des ressources en eau et la lutte contre les inondations, qui sont des préoccupations majeures dans le contexte actuel d’incertitude causée par les problèmes d’environnement.

 
220px-RAMSAR-logoLa Convention de Ramsar donne la définition suivante des zones humides : ce sont « des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eaux marines dont la profondeur à marée basse n’excède pas 6 mètres ».
 
En Algérie, cette définition recouvre les chotts, sebkhas, lacs et marais (eau douce, saumâtre ou salée), oueds, gueltas, oasis et barrage. La convention de Ramsar, ratifiée par l’Algérie en 1982, a pour mission « la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides par des actions locales, régionales et nationales et par la coopération internationale, en tant que contribution à la réalisation du développement durable dans le monde entier ».  L’Algérie s’est engagée dans une démarche pour le classement, la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides, au nombre de quelque 1700 aujourd’hui. Cinquante sites sont classés Ramsar, d’importance internationale, et dix sites prioritaires ont été retenus par le ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement pour être dotés d’un plan de gestion assurant leur gestion rationnelle et durable. Les 50 zones humides inscrites sur la Liste sont reconnues comme ayant une valeur importante non seulement pour l’Algérie, mais aussi pour l’humanité tout entière.
 

L’inscription sur la Liste Ramsar engage le gouvernement algérien à prendre les mesures nécessaires pour garantir le maintien des caractéristiques écologiques qui ont permis le classement des sites concernés. Dans la réalité, en Algérie, ce classement ne protège pas contre les atteintes aux zones humides. La preuve en est donnée par la situation du lac de Telamine (2,3999 hectares), à l’est d’Oran, classé le 12 décembre 2004 sur la Liste Ramsar. Selon le journaliste de Reporters (édition du dimanche 1er février), les usines rejettent à partir de la zone industrielle de Hassi Ameur, des déchets liquides ou solides dans les systèmes d’évacuation des eaux pluviales qui déversent dans le lac Telamine. L’APS (Algérie Presse Service) a rapporté, de son côté, l’appel des participants à une rencontre sur les zones humides, organisée samedi 31 janvier à Gdyel (Oran), à l’arrêt immédiat des déversements des eaux usées, provenant des communes environnantes et de la zone industrielle de Hassi Ameur, dans le lac Télamine. Un membre de l’association Boudour a lancé un véritable cri d’alarme : « Il faut empêcher le plus tôt possible les déversements des eaux usées des communes de Benfréha, Hassiane Toual, Hassi Ben Okba, Hassi Mefsoukh et Gdyel, y compris la zone industrielle de Hassi Ameur qui affluent sans traitement, en moyenne 10.000 mètres cubes par jour, endommageant la faune et à la flore de ce lac ». Ils demandent la mise en place d’une station d’épuration des eaux usées pour éviter la pollution du lac. C’est un projet en cours.

 

Cet article a été publié dans le quotidien algérien Reporters.