Barrage de Sivens : le mur du silence brisé

Il aura fallu la mort d’un jeune homme, pour que ce projet de barrage fasse les gros titres des médias nationaux et que les Français prennent conscience que quelque chose ne tournait pas rond dans leur démocratie.

 

par Carine Mayo

 

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La Renoncule à feuilles d’ophioglosse, plante dont Rémi Fraisse, botaniste, était spécialiste, symbole de son engagement pour la nature.


Étude d’impact bâclée, passage en force des autorités sur le terrain alors que l’affaire était encore devant la justice, jusqu’à ce fameux soir d’automne où tout a basculé… Quel gâchis !

 

Depuis deux mois, nous avions alerté sur ce site sur les conséquences écologiques d’un tel choix (c’est ici) et sur les dérives entourant ce projet (c’est là). Les journalistes membres de notre association ont aussi exposé les enjeux concernant la biodiversité, le partage de l’eau et l’utilisation des fonds publics : sur le site Reporterre, dans le journal Libération, dans l’émission CO2 mon amour sur France Inter, dans le JT d’Arte…

 

Et pourtant, malgré les analyses, malgré les reportages montrant les tensions et la répression, l’affaire ne parvenait pas à retenir l’attention des éditorialistes, ni de la plupart des politiques, qui ne voyaient pas son caractère emblématique : d’un côté un projet dépassé (qualifié par le rapport d’experts de l’Etat de « dernier projet d’une époque » !) et de l’autre, une réaction disproportionnée des forces de l’ordre.

 

Comme s’il ne s’agissait que d’un problème d’aménagement local, alors que la question de l’usage de l’eau est au centre des préoccupations sur le vivre ensemble et le changement climatique, des sujets qui concernent chacun d’entre nous. Il aura fallu que trois militants écologistes s’engagent à poursuivre leur grève de la faim entamée deux mois auparavant pour que la ministre de l’Ecologie se décide à rendre public ce fameux rapport d’experts qu’elle avait commandé et qui s’est montré très critique sur la manière dont le projet avait été conçu.

 

Maintenant, la balle est dans le camp du ministère. Une réunion a lieu mardi 4 novembre pour trancher sur l’avenir du barrage. Elle devra notamment examiner les alternatives. Et si le gouvernement s’orientait enfin vers un modèle de gestion de l’eau associant l’ensemble des parties.