Projet de barrage de Sivens : le défrichage d’abord, le dialogue après

 


par Carine Mayo, présidente des JNE.
Mayo-Carine

.

 

Tirs de flash ball, utilisation de gaz lacrymogènes, dans ce coin de campagne sauvage du Tarn s’est déroulé un épisode de violence sans précédent. Depuis début septembre, la préfecture a envoyé les gardes mobiles pour réprimer les manifestations organisées par les opposants au projet de barrage sur le Tescou, un affluent du Tarn. Là où l’on aurait pu privilégier le dialogue, c’est la force qui a été employée.

 

Et pourtant, des recours ont été déposés devant la justice par plusieurs associations de protection de l’environnement (http://www.fne.asso.fr/fr/barrage-de-sivens-la-justice-doit-trancher-avant-toute-destruction.html?cmp_id=33&news_id=13834) qui contestent l’utilité de ce barrage dont la construction devrait entraîner la destruction d’une zone humide de 18 hectares, le défrichement de 29 hectares de forêt et la disparition d’espèces protégées. Mais en France, on tronçonne d’abord, on écoute la justice après. Il aura fallu la détermination de centaines de manifestants réunis dans une Zone à défendre (ZAD) comme à Notre-Dame-des-Landes, ainsi que la grève de la faim de six personnes, le soutien de José Bové et de nombreux articles dans la presse pour que Ségolène Royal intervienne, montrant qu’elle avait enfin compris les enjeux de cet affrontement, quitte à s’opposer au président du conseil général du Tarn, Thierry Carcenac, candidat socialiste aux prochaines élections sénatoriales.

 

« La ministre de l’Écologie sera particulièrement attentive à ce que le projet permette d’assurer une gestion durable de la ressource en eau et ne participe pas au développement d’une agriculture intensive », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Au-delà d’un problème local, d’une lutte pour la préservation d’espaces naturels, c’est bien de l’intérêt général qu’il s’agit. Ce barrage est-il la bonne réponse au manque d’eau qui risque d’être crucial l’été dans les années à venir, comme le souligne le rapport sur le changement climatique rendu public le 5 septembre (http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Rapports-climat-de-la-France-au-.html) ? Faut-il bétonner pour retenir l’eau et continuer à pratiquer la culture irriguée de maïs ou bien cultiver des plantes plus rustiques et permettre la poursuite de l’élevage dans les prairies inondables ? Combien va coûter la construction de ce barrage et quelle part devra payer le contribuable ? Comment assurer un partage équitable de la ressource aquatique pour les différentes activités humaines, mais également respectueux des autres espèces vivantes ? Ces questions méritent d’être approfondies. Mais pas avec le couteau sous la gorge.

 

A lire et à écouter

L’interview de Ben Lefetey, porte-parole du Collectif Testet, par Myriam Goldminc (JNE) ici sur le site des JNE.

Le reportage de Laure Noualhat (JNE) paru dans Libération le 29 août <http://www.liberation.fr/economie/2014/08/28/tarn-barnum-autour-d-un-barrage_1088934

Les articles de Barnabé Binctin (JNE) et de l’équipe de Reporterre www.reporterre.net

L’émission de Denis Cheissoux (JNE) du 6 septembre donnant la parole à Ben Lefetey, porte-parole du collectif des opposants et Thierry Carcenac, président du conseil général http://www.franceinter.fr/emission-co2-mon-

L’article d’Aurélie de Varax (JNE) publié sur le site ToulEco-Green http://www.touleco-green.fr/Le-barrage-de-Sivens-dans-la-tourmente,14367