Fabre, l’homme des insectes

Tous les ouvrages de Jean-Henri Fabre, son herbier, ses collections de coquillages et de fossiles sont aujourd’hui rassemblés au Harmas de Sérignan-du-Comtat (Vaucluse).

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par Roger Cans

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On connaît généralement Jean-Henri Fabre (1823-1915) par ses Souvenirs entomologiques, une somme d’observations des insectes de Provence, qu’il a eu le bonheur d’accumuler au cours de sa carrière d’enseignant. Natif de l’Aveyron, le jeune Fabre devient instituteur puis professeur de physique-chimie au lycée impérial d’Avignon. Dès ses débuts, Jean-Henri Fabre multiplie les publications à l’usage des élèves. Physique, chimie, biologie, botanique, toutes les sciences de la nature lui sont familières, et il n’a de cesse de partager son savoir de manière très pédagogique, « d’instruire en amusant ». Passionné de botanique, il constitue très jeune un herbier qui va comporter des milliers de planches.

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Tous ses ouvrages, son herbier, ses collections de coquillages et de fossiles sont aujourd’hui rassemblés dans la propriété qu’il a acquise en 1879 à Sérignan-du-Comtat, près d’Orange (Vaucluse). Le Muséum national d’histoire naturelle, nouveau propriétaire du Harmas, « terre en friche » transformée en parc d’agrément par Jean-Henri Fabre, vient de réhabiliter l’ensemble et de l’ouvrir à nouveau au public. Le visiteur peut ainsi découvrir le cadre de l’auteur des Souvenirs entomologiques, avec la maison d’habitation, confortable et bourgeoise, et surtout le cabinet de curiosités, où sont exposées toutes ses trouvailles. Nids de guêpes, nids de frelons, crânes divers, tout ce qui témoigne de la vie sauvage se retrouve dans les étagères et les vitrines de l’Harmas.

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Napoléon III, averti des dons pédagogiques du savant, lui avait proposé de devenir précepteur de son fils au Palais des Tuileries. L’amateur des sentiers de Provence avait refusé, parce que, exilé à Paris, il se serait coupé du monde vivant qui était sa passion. L’ermite du Harmas reçoit cependant quelques visites, comme celle de Pasteur, resté très distant, et celle de Poincaré, elle aussi trop formelle. De fait, les universitaires n’estiment guère cet instituteur qui les a rejoints à la force du poignet, et qui continue à faire de la science de façon émotionnelle et même poétique. Fabre étudie le vivant in situ, eux s’intéressent déjà à la biologie moléculaire, en laboratoire, avec des animaux presque toujours morts.

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Devenu septuagénaire, Jean-Henri Fabre se lance dans une entreprise nouvelle : l’étude des champignons. Comme ils ne peuvent être conservés en herbier, il apprend l’aquarelle et se met à peindre des planches d’une rare finesse. Le Harmas en expose quelques-unes, qui témoignent à la fois de son talent d’observation et de son coup d’œil de peintre.

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Les travaux de restauration du Harmas ont été l’occasion de la construction d’un bâtiment annexe, extérieur à la propriété, baptisé « Naturoptère ». Destiné aux familles avec enfants, comme les parcs d’attraction, il s’efforce, par des jeux, des quiz et des expériences tactiles, de familiariser le public avec les insectes (mais aussi araignées, arthropodes et autres petites bêtes trop souvent méconnues). Construction naturellement écologique, avec toit végétalisé, le Naturoptère est entouré d’un jardin où l’on peut retrouver toutes les plantes de Provence. Une touche de XXIe siècle un peu artificielle à côté d’un cabinet de curiosités très XIXe.

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