De la SNB à l’IPBES, la biodiversité se décline en lettres capitales

Les membres du comité de suivi de la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) ont été réunis il y a quelques semaines pour une présentation d’une nouvelle instance en faveur de la biodiversité : l’IPBES. L’IPBES, ou plate-forme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques, est en quelque sorte l’équivalent du GIEC (Groupe d’experts sur le changement climatique) pour la biodiversité.

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 par Christine Virbel

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L’instance intergouvernementale a été officiellement créée en avril 2012, à Panama. Sa première session plénière s’est tenue à Bonn en janvier de cette année. La mission initiale de cette session a consisté en l’élection du bureau et la désignation des membres du groupe d’experts multidisciplinaires, élus pour deux ans. 94 pays sont représentés à l’IPBES et son siège est à Bonn, en Allemagne. Son objectif est d’établir une interface entre les scientifiques et les hommes politiques (mais aussi les décideurs et autres acteurs de la société) dans le domaine de la biodiversité en vue de la « conservation et de l’utilisation durable de la biodiversité, du bien-être de l’humanité à long terme et du développement durable ».

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Cet objectif se traduit par 4 fonctions :

  • l’évaluation régulière de l’état de la biodiversité, des services écosystémiques et de leurs interactions,

  • la proposition d’outils et de méthodes en appui aux politiques (scénarios, indicateurs, méthode d’évaluation),

  • le renforcement de capacités, à savoir formation, dialogue, accès facilité aux données,

  • la coordination des productions de nouvelles connaissances. L’enjeu n’étant pas de réaliser de nouvelles études, mais de collaborer avec les initiatives existantes, de les valoriser tout en évitant les doublons.

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Les premiers thèmes abordés en dehors des scénarios sur l’évolution de la biodiversité seront par exemple l’étude du rapport entre les risques pour la santé humaine et la biodiversité dans le changement climatique ou le rapport entre la faim dans le monde et la dégradation de la biodiversité. Les premiers travaux seront décidés lors de la prochaine assemblée plénière. Chaque pays membre a donc dû constituer dès la fin janvier un groupe de travail pour définir les questions prioritaires qui seront remontées à l’IPBES. Une fois les thèmes choisis, il faudra se mettre au travail.

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En France, la participation des chercheurs français au sein de l’IPBES se fera à travers la signature d’une convention avec la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité. Mais le développement de recherches systémiques sur la biodiversité sera encouragé notamment dans le cadre du programme de l’Agence Nationale pour la Recherche. En vue des futurs travaux de l’instance, celle-ci lance d’ailleurs un appel à proposition pour un Atelier de Réflexion Prospective sur la thématique « Biodiversité et Changement global : quelles recherches, quels verrous et quels partenariats pour répondre à l’IPBES ? » , date limite de dépôt au 30 avril 2013 (cliquez ici). Il est encore temps de prendre part à la réflexion.

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Côté budget, si l’IPBES est placé sous l’égide du PNUE, ce sont les Etats membres qui contribueront à son budget. L’Allemagne pense apporter 1 million d’euros par an, la France cinq fois moins. Des fonds en provenance de programmes de la Commission Européenne pourront aussi bénéficier à des projets de recherche en lien avec l’IPBES, mais pas nécessairement portés par l’instance d’experts.

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Pour être crédible, l’IPBES devra être indépendant avec des processus de fonctionnement et d’analyse clairs et transparents. Des observateurs issus d’organisations scientifiques, d’ONG, du secteur privé ou de communautés locales participeront aux séances plénières.

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Le GIEC a fait évoluer les choses côté climat, du moins il a participé à une prise de conscience mondiale. Il faut espérer que l’IPBES en fera plus pour la biodiversité même si ses avis seront purement consultatifs. Une chose est sûre toutefois, les avis de l’IPBES passeront d’abord par le crible des négociations entre ses membres et l’on parle déjà de « position » des pays dans ces négociations. La biodiversité pourra-t-elle attendre que l’on trouve des consensus pour des actions à mettre en œuvre à encore plus ou moins long terme ?

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