Eloge de l’erreur

Eloge
Plaidoyer pour l’erreur aurait sans doute été un titre plus juste. De fait, l’auteur, éminent médecin et chercheur qui a présidé à la mise en place la Haute Autorité de santé (HAS), réagit plutôt au tout sécuritaire. Ce rêve de notre société transforme, en effet, certains métiers, notamment ceux de la santé, en cauchemar. L’erreur, explique Laurent Degos, est, en effet, inhérente à tout système complexe. Il passe alors en revue différentes erreurs puisant la majeure partie de ses exemples dans le milieu hospitalier même s’il a le souci permanent d’élargir son corpus. L’erreur « positive », un des principaux facteurs de l’évolution, est aussi souvent à l’origine des grandes découvertes scientifiques ainsi Alexandre Fleming a découvert le pénicillium parce qu’il avait oublié pendant ses vacances des cultures dans des boîtes de Petri.

Mais l’erreur « négative » (une injection mortelle à un enfant) pose question. Elle est, de ce fait, un moteur de réflexion qui, parfois (dans ce cas précis), mais trop rarement, remet en question le système. L’auteur s’insurge aussi contre la quête à tout prix d’un responsable voire d’un bouc émissaire. L’anticipation semble pour lui être la meilleure parade à ce type d’erreur mais, dans un système de cases à cocher, il n’est pas évident de prendre la liberté d’une décision hors protocole.

Laurent Degos pointe aussi la séparation de l’homme du XXIème siècle d’avec la nature et son agissement permanent sur son environnement. Le seul modèle de système adaptatif et évolutif dont nous avions connaissance était la Nature. Il résulte de cette séparation un vide d’autant plus grand qu’il est conjoint à la disparition de la morale. Face à cette absence de repère, l’auteur préconise de bâtir du sens, en d’autre terme, de l’éthique. C’est un point fort intéressant qui aurait gagner à être développé. Toutefois, le médecin n’envisage même pas que l’homme pourrait se considérer à nouveau comme faisant partie de la nature, faire acte de modestie et cesser de croire qu’elle est à son service et qu’il peut la dominer in vitam eternam!

Les propos de ce livre ne sont pas inintéressants mais, après l’avoir refermée, on reste perplexe : la démonstration espérée avec ce titre semble s’être égarée en court de route.


Editions Le Pommier, 118 pages, 12 € – www.editions-lepommier.fr
Contact presse : Edith de Pontbriand. Tél. : 01 53 10 24 60 – edith.depontbriand@editions-lepommier.fr
(Danièle Boone)