Le match climatique de Doha : Qatar 1- climat 0

A Doha, la présidence qatarie des débats a été d’une mollesse permanente et d’une rare inefficacité. Comme si la seule chose importante pour les autorités du pays était de « finir le match ».

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par Claude-Marie Vadrot

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Si tous les délégués à la conférence de Doha ne dormaient pas dans leurs fauteuils ou sur les canapés des couloirs samedi soir quand elle s’est achevée avec 24 heures de retard sur un échec, c’est qu’ils étaient déjà nombreux à avoir quitté la capitale du Qatar. Sur les 193 pays négociateurs présents quinze jours plus tôt à l’ouverture des travaux, au moins 80 d’entre eux étaient repartis. Une cinquantaine de délégations africaines et de beaucoup de petites nations asiatiques manquaient à l’appel. Explication toute simple : pour les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, pour ceux qui redoutent le plus les effets des dérèglements climatiques, impossible de supporter les frais d’une annulation d’un billet d’avion déjà coûteux ou de s’offrir des nuits supplémentaires à l’hôtel.

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Ce n’est pas la première fois qu’une conférence perd de sa substance au cours d’une prolongation, mais jamais la désertion forcée de ces délégués qui ont passé la nuit de vendredi à samedi à traîner leurs valises dans les couloirs et les salles de réunions, n’avait été aussi importante. D’où l’amertume et la fureur de ceux qui ont dû laisser, comme le disait un diplomate du Malawi quittant les lieux à trois heures du matin, « les pays riches faire leurs petits arrangements entre eux en oubliant tout ce que nous avons dit ou entendu ». Cette fin de conférence tronquée était d’autant plus traumatisante pour les délégations contraintes de quitter les lieux, que la plupart des pays concernés n’ont pas d’ambassade au Qatar.

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« Nous abandonnons le navire au moment crucial, au moment ou nous aurions pu nous révolter, explique un diplomate tchadien, et je n’ai pas un diplomate auquel nous aurions pu laisser des consignes. Nous ne sommes bons qu’à faire de la figuration. L’Emir du Qatar auprès duquel certains d’entre nous sont allés se plaindre, nous a envoyé promener et il a pris la responsabilité de saboter la fin de cette conférence parce qu’il n’a pas voulu accepter de proclamer l’échec total de la conférence tel qu’il existait vendredi soir. Il en fait une question d’honneur et de prestige pour son pays. Dans le fond, le climat il s’en moque, son souci c’est de faire connaître son Etat dans le monde entier en finançant des conférences, des séminaires et des événements. Je ne suis pas certain qu’il fasse vraiment la différence entre un match de football, un tournois de tennis et un conférence climatique ».

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La présidence qatarie des débats a en effet été d’une mollesse permanente et d’une rare inefficacité. Comme si la seule chose importante pour les autorités du pays était de « finir le match » ; dans un pays qui ne prêche guère par la sobriété énergétique et émet trois fois plus de gaz à effet de serre par habitant que les Etats Unis. (…)

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