L’Algérie va au charbon

Voici un article publié dans Reporters, nouveau quotidien algérien dont le n°1 est paru  le 1/11/12.

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par M’hamed Rebah

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« L’Algérie étudie la possibilité d’exploiter à grande échelle ses appréciables réserves de charbon pour produire de l’électricité ». Cette information donnée aux députés par le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, lors de la présentation du projet de loi sur les hydrocarbures devant la commission économique de l’APN (Assemblée nationale populaire), n’a rien d’un scoop.

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Il en avait déjà fait l’annonce, moins d’un mois avant, à la radio algérienne en citant le charbon comme élément de la démarche énergétique de l’Algérie, au même titre que les autres, parmi lesquels, rappelons-le, le gaz de schiste. Les arguments semblent difficiles à trouver pour aller à contre-courant des exigences de la lutte contre le changement climatique qui commande d’exclure le charbon en raison de l’impact de ses émissions de dioxyde de carbone. Mais la Chine en tire 80 % de son électricité, alors, pourquoi s’en priver ?

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L’impératif de sécurité énergétique impose à l’Algérie d’investir dans la production de l’électricité. Le parc de centrales électriques dont dispose le pays suffit à répondre aux besoins d’aujourd’hui, mais les prévisions indiquent une forte croissance de la demande d’électricité. Les pics de consommation en été, liée à la hausse des températures qui entraîne un recours massif à l’utilisation des climatiseurs, provoquent des dysfonctionnements, causes de coupures de courant insupportables. Leur impact peut être catastrophique sur les commerçants (en pertes financières, dues à l’arrêt des équipements de froid et aux marchandises jetées), sur les personnes vulnérables (à la santé fragile), sans compter la recherche du bien-être que procure à tous la fraîcheur prodiguée par le climatiseur en période caniculaire.
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On comprend que tous les moyens soient bons pour produire l’électricité. Et au nom de la diversification des sources d’énergie, le charbon est le bienvenu. C’est, dit-on, la découverte des gisements d’hydrocarbures qui avait marginalisé le charbon de la mine de Kenadsa, près de Bechar, jusqu’à sa fermeture en 1962. Aujourd’hui, l’inquiétante perspective de leur épuisement fait tourner les regards à nouveau vers ce ksar du sud-ouest du pays.

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« Nous avons des réserves appréciables en charbon à Kenadsa », a rappelé le ministre Youcef Yousfi.

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Tout ira vite, avis aux constructeurs : des centrales à charbon pourraient être lancées en Algérie dans la dizaine d’années qui viennent. De nouvelles technologies ont été mises au point, permettant de réduire les émissions de CO2. Le coût des centrales à charbon en sera plus élevé, mais c’est le prix à payer pour la protection de l’environnement.

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