L’Allemagne et le développement durable : voyage au pays de l’économie verte

Cet article a été publié dans La Nouvelle République (Algérie) du mercredi 12 septembre 2012 (page écologie).

.

par M’hamed Rebah

.

 

Une délégation d’Algériens – en majorité des femmes et des jeunes, entrepreneurs ou porteurs de projets, mais aussi des chercheurs et des journalistes – a effectué, du 25 au 30 août 2012, à l’invitation de GIZ, organisme allemand de coopération, un voyage d’étude à Berlin (Allemagne), dans le cadre du programme Deved (Développement économique durable). Comme c’est devenu pratiquement la règle pour les visiteurs étrangers, le premier jour a été consacré à une tournée en autobus dans Berlin, réunifiée et en constante transformation, pour y admirer ses sites touristiques. C’est une ville qui respire la créativité en matière artistique et de ce fait attire surtout les jeunes. Pas seulement eux, les Espagnols et les Grecs fortunés viennent aussi à Berlin pour placer leur argent dans des habitations de luxe, anciennes ou rénovées, poussant l’immobilier dans une spirale de la surenchère qui inquiète les Berlinois. Mais l’objet de la visite de la délégation algérienne n’était pas de s’appesantir sur les caractéristiques de la nouvelle émigration, européenne celle-là, à Berlin.

.

Les Algériens ont fait le déplacement pour avoir un aperçu de la façon dont se réalise le développement durable en Allemagne. En 2002, une Stratégie nationale de développement durable a été adoptée dans ce pays et des initiatives importantes ont été lancées dans les domaines de la politique énergétique et climatique, de l’efficacité des ressources et de la biodiversité. La politique de gestion des déchets est particulièrement efficace. Conséquence : l’Allemagne fait partie des principaux fournisseurs mondiaux en biens et services environnementaux.

.

Le programme préparé par la GIZ a permis à la délégation algérienne (17 personnes), répartie en deux ou trois groupes, de rencontrer des personnes qui, à divers niveaux, sont impliquées dans la démarche d’économie verte. Cela va de l’échelon ministériel, dont la mission est de poser les fondements du système économique et de créer les conditions générales pour promouvoir la création d’entreprises, à la petite ou très petite entreprise (TPE) créée dans le cadre d’un dispositif d’appui et avec un mécanisme financier approprié.

.

Une TPE, CupCycle, créée par des étudiants, fabrique des gobelets, réutilisables sans consigne pour les boissons froides ou chaudes, qui doivent remplacer les gobelets en carton jetable. Cette opération de récupération et de réutilisation a commencé dans un campus universitaire. Des boîtes de collecte des gobelets utilisés sont placées en des endroits judicieusement choisis et les gobelets récupérés sont lavés et remis dans le circuit, jusqu’à douze fois.

.

De dimension nettement plus grande, le système Point Vert est un système collectif de reprise des emballages. Le Point vert est géré par une entreprise appelée Duales System Deutschland GmbH en application de l’ordonnance sur les emballages de 1991. Cette entreprise attribue des contrats à des entreprises de gestion des déchets pour la collecte et le tri d’emballages et passe des contrats avec des organismes qui garantissent la reprise et le recyclage. Le Dual System finance la collecte et le tri des emballages commerciaux ainsi que le recyclage des plastiques par le biais des droits de licence payés par les entreprises qui veulent utiliser la marque déposée du Point Vert, un logo de forme circulaire représentant deux flèches enroulées, l’une vert clair et l’autre vert foncé. Le Point vert atteste que la firme qui met un produit sur le marché contribue au financement d’un système de collecte sélective et de tri des déchets d’emballage en vue de leur valorisation. Les droits de licence basés sur la consommation et les matériaux peuvent être répercutés sur le consommateur par le biais des prix de vente. A partir du 1er janvier 2012, de nouveaux contrats éco-emballages sont entrés en vigueur avec l’obligation généralisée de Point Vert sur l’ensemble des emballages ménagers.

.

Les journalistes ont eu droit à une visite à l’Institut international pour journalistes (IIJ) de la GIZ qui se trouve à Berlin. L’IIJ met en œuvre des programmes de formation (presse écrite et électronique) en collaboration avec les écoles de journalisme des pays en développement. Ils ont également pris connaissance de la démarche pour introduire dans les entreprises de presse le concept de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE).

.

Le vrai clou du voyage a été, sans aucun doute, le débat organisé au studio berlinois de l’ARD sur les thèmes «quota de femmes» et «prime pour la femme au foyer», auquel ont participé Mme Hachchad, présidente de la Chambre de commerce et de l’industrie de la wilaya de Tipaza, et trois autres femmes (une Norvégienne et deux Allemandes). Le public présent a particulièrement apprécié (et applaudi) les interventions de Mme Hachchad qui a fait un exposé sur la place de la femme dans la société algérienne, particulièrement la femme travailleuse et sur sa participation à la vie du pays. Des Allemands, présents dans la salle, ont témoigné du respect dont bénéficient les femmes cadres en Algérie et des possibilités qu’elles ont d’accéder aux postes de responsabilité, chose pas évidente du tout en Allemagne et en Norvège, selon les deux autres participantes à ce débat.

.