Jusqu’au 11 avril, une consultation publique sur les tirs de loup

Dans le cadre d’un projet d’arrêté fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup, une consultation publique est organisée jusqu’au 11 avril 2011.

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par Marc Giraud

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Voir http://www.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=21980
Attention, le ministère ayant fourni un mail faux pour les réponses, voici le bon : protocole.loup@developpement-durable.gouv.fr

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Évidemment, ces tentatives de dérogations, injustifiables biologiquement, font des remous. Des associations comme l’ASPAS et FERUS ont vivement réagi, voir http://www.ferus.fr/actualite/consultation-publique-sur-les-operations-de-destruction-de-loup-exprimez-vous

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Voici la réaction de François Ramade, professeur émérite d’Ecologie et de Zoologie, Président d’Honneur de la Société Française d’Ecologie et de la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN) et Membre d’Honneur de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature ( UICN).

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Chère Madame, Cher Monsieur,

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L’objet de ce courriel est de faire connaître mes positions de principe relatives au projet d’arrêté relatif à la destruction des loups.
Il est plus que surprenant que les pouvoirs publics français organisent l’élimination d’une espèce protégée par diverses conventions internationales que pourtant notre pays a entérinées, même si cette ‘ »élimination » d’individus se fait par intervention de fonctionnaires de l’Administration concernée.
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En outre il a été porté à ma connaissance qu’un nouveau projet d’arrêté étendrait largement les opportunités d’élimination d’individus réputés gênants et cela même en l’absence de dommage aux troupeaux.
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En effet :
• il serait désormais possible de recourir au tir autour de troupeaux même s’ils ne sont pas protégés ou ne subissent aucun dommage, mais uniquement parce qu’ils sont situés à proximité d’un troupeau ;
• les tirs de prélèvement pourraient avoir lieu en dehors de la présence de troupeaux, il ne sont donc pas conçus pour en prévenir des dommages ;
• le loup restant une espèce protégée, les opérations de tirs ne devraient en aucun cas être confiées aux chasseurs, mais rester de la compétence de l’Etat et de ses services. Or, les chasseurs participeraient aux opérations de tir.
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Force est donc de constater qu’en vertu de la sacro-sainte « exception française » (ici la soi-disant préservation de l’élevage en montagne) notre pays persévère à se placer  en queue de peloton des pays réputés développés en matière de conservation des écosystèmes et de leur biodiversité.
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Faut-il rappeler que les Etats-Unis ont réintroduit les loups dans les parcs nationaux de Yellowstone et du Grand Teton dès la fin des années 1970 en dépit des oppositions des ranchers frontaliers de ces aires protégées ? Pourrait-on aussi m’expliquer comment une centaine de loups pourraient soulever des problèmes insurmontables à la vie pastorale des zones de montagne concernées ainsi que le prétendent les éleveurs et des chasseurs , quand on sait qu’environ 3000 loups se dénombrent en Espagne, autour d’un millier se rencontrent en Italie et un nombre encore plus considérable en Norvège, Suède et Finlande?
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On en vient hélas à constater que dans notre pays, à l’image de ce qui s’observe de plus en plus souvent, une minorité de personnes, imprégnées de conceptions irrationnelles voire fanatiques, peuvent – éventuellement  par des actions violentes- imposer leur volonté aux pouvoirs publics en dépit des lois existantes et des souhaits de la grande majorité de leur concitoyens, ce qui est l’antithèse de la démocratie.
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Voici, Chère Madame, Cher Monsieur, quelques réflexions que me suscite ce projet d’arrêté auquel, au delà de moi-même, la SNPN ne pourra que s’opposer, et vous prie d’agréer mes distinguées salutations.

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François Ramade

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