«Nous avons entendu le Mali avant de le voir !»

A l’occasion de leur expo de photos sur le Mali du 8 au 27 novembre, à la Bibliothèque municipale de Saint-Pierre-des-Corps, Catherine et Bernard Desjeux (JNE) nous expliquent leur passion pour ce pays.

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Votre première découverte ?

Un accord de guitare, entendu à travers la vitre d’une vieille land-rover sur une piste du nord Niger à la fin des années 1970. Un accord comme un appel, accompagnant le chant du musicien Ali Farka Touré. Une musique totalement traditionnelle et totalement nouvelle issue du coeur de l’Afrique de l’ouest : la boucle du Niger, la région de Tombouctou.

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Nous avons entendu le Mali avant de le voir puis de le vivre. Un premier et long voyage en 1981 avec nos enfants dans des conditions très spartiates, suivis de beaucoup d’autres, nous ont permis d’y tisser de nombreux liens d’amitié.

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Votre rencontre la plus émouvante ?

La participation au tournage du film La Genèse du cinéaste Cheick Oumar Sissoko en 1997. Nous avons alors vécu avec des artistes maliens pendant un mois, dans le petit village de Hombori. Depuis les repérages dans les cailloux du Hombori Tondo jusqu’à la montée des marches au festival de Cannes en 1999. Nous avons pu vivre la richesse culturelle d’un pays, officiellement un des plus pauvres du monde. Comme des musiciens, ils ont élargi le cercle pour que chacun puisse jouer comme il l’entend.
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Votre expérience la plus surprenante ?

En 1985, le voyage sur le fleuve Niger avec le grand traditionniste malien Almamy Yattara. Ce fut un long séjour de deux mois avec Jean-Marie Gibbal, chercheur au CNRS, pour étudier le culte du Ghimbala autour du lac Débo. Nous construirons une pinasse qui servira de modèle à toutes les pinasses circulant aujourd’hui pour la découverte du fleuve Niger.

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Votre moment le plus magique ?

En janvier 2008, nous partons, avec Alhassane comme chauffeur, vers l’ouest par des pistes improbables et peu connues qui nous mènent aux fabuleuses chutes de Gouina. Un aigle royal tourne dans le ciel. Non seulement l’endroit est magnifique, mais nous sommes frappés par la complicité qui nous lie à Alhassane, heureux de découvrir encore son pays qu’il connaît pourtant dans les moindres recoins.

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Votre plus belle surprise ?

Le site de Teriya Bugu, la Case de l’amitié, créée il y a quelques années par le père Verspieren. C’est à la fois une ferme, un centre de santé et de scolarisation et un campement touristique. Ici vivent près de 500 personnes. Les problèmes de développement semblent trouver une solution évidente et simple. De jeunes Maliens motivés et heureux sont fiers de faire fonctionner ce complexe qui force l’admiration : légumes du jardin, miel d’eucalyptus, énergies douces, élevage… Un petit coin de paradis.

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Un trait marquant ?

La « parenté à plaisanterie ». Cette pratique sociale est une véritable institution qui s’exerce à tous les niveaux avec subtilité et finesse. Elle s’applique par extension aux amis proches. L’humour comme vertu cardinale, voilà une valeur qui vaut le voyage.
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La découverte la plus intéressante est la rencontre des Maliens. Que ce soit en pinasse sur le fleuve Niger, à pied dans le pays Dogon, ou tout simplement au cours d’une conversation dans un taxi à Bamako, on peut donner et recevoir.
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Dans le cadre de la manifestation « Plumes d’Afrique », à la Bibliothèque municipale, Rue Henri Barbusse, 37700 Saint-Pierre-des-Corps. Tél : 02.47.63.43.17

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Le site de Catherine et Bernard Desjeux : http://bernard.desjeux.free.fr