« Le Chant des forêts » de Vincent Munier : une heure et demie d’expédition sensorielle

Le Chant des forêts, nouveau film de Vincent Munier, adhérent des JNE, sort dans les salles le 17 décembre 2025. Nous l’avons découvert en avant-première.

par 
Maryvonne Ollivry

Un nuage de brumes enveloppe les conifères, puis se dissipe peu à peu sous nos yeux. La forêt vosgienne semble sortir d’un long sommeil. Nous aussi. Ou plutôt d’une longue cécité. Vincent Munier nous offre ce cadeau inestimable : dans l’ombre d’un cinéma, nous réapprendre à regarder. Et écouter .
Rien de simple, rien de «donné» pour autant. Entre deux branches, dans la pénombre, nous voilà immergés dans une nature qui se mérite, qui réclame patience et vigilance. La caméra se fond dans les éléments, comme une présence animale. Silencieuse, en éveil. Elle saisit ce qu’elle peut saisir. Pas de débauches d’objectifs cachés comme dans bien d’autres films animaliers, une réalité qui se mérite, parfois floue, parfois furtive. Vraie.

Loin des hauteurs tibétaines en quête de la Panthère des neiges, objet de son premier film, Munier nous accueille dans les forêts de l’est de la France. En compagnie de Simon, son fils de douze ans et de celui qui, au même âge, a initié Vincent : Michel Munier, son père, le naturaliste aux huit cents heures d’affût, le guerrier pacifique qui n’a cessé de défendre la faune et les espaces naturels de ses Vosges natales. 
Car, en plus de nous permettre d’apercevoir un renard promenant sa fourrure sur la neige immaculée, une biche nageant avec son faon, un cerf écumant dans la noirceur des arbres, des bébés chevêches attendant la becquée, un lynx au port de tête impérieux ou un chat sylvestre humant la présence humaine…,

Le chant des forêts est aussi une belle histoire de transmission. Dans la ferme de Vincent, au coeur de la forêt vosgienne donc, trois générations, éclairées à la bougie et chauffées aux fagots, échangent, se souviennent. Vincent, de son coup de coeur pour un chevreuil alors qu’il avait l’âge de Simon. Michel, du sien pour le grand tétras. Justement. L’aîné l’a vu disparaître peu à peu de nos contrées à cause du réchauffement climatique et faute d’habitats qui lui conviennent. Mais pour Simon, ils vont tous trois aller à sa rencontre… en Norvège. Acmé du voyage ? Oui, en quelque sorte. Et non, car l’exotisme ici n’est pas le but poursuivi. Ce serait se méprendre sur cette heure et demie d’expédition sensorielle avant tout dédiée à la beauté de nos forêts et à leurs sortilèges. Et sur ce qui importe aussi aux Munier : nous émouvoir, nous sensibiliser à ce qui nous environne, afin de nous encourager à en prendre soin.

Documentaire de Vincent Munier, avec Michel Munier et Simon Munier. Durée : 1 h 33. Sortie en salles le 17 décembre 2025.


Télérama du 10 décembre 2025 consacre sa Une et un long article à ce film.

 

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