Bilan de Rio+20 : les Nordistes font le point

La délégation du Nord-Pas-de-Calais a constaté une véritable avancée des régions, villes, entreprises et associations du monde entier, en matière de développement durable. Et revient motivée.

 

par Anne Henry-Castelbou

 

La délégation Nord-Pas-de-Calais à Rio - photo Anne Henry-Castelbou

Samedi 23 juin dernier : fin du Sommet de la Terre. Et déjà, Myriam Cau * faisait le point avec ses troupes à Rio avant de rentrer en France. Que retirer de ce sommet ? Quels sont les projets régionaux de demain en matière de développement durable ? Car s’il y a eu des avancées à Rio, notamment la fixation d’Objectifs de Développement Durable (voir ci-dessous les Essentiels), nombreuses sont les déceptions.

 

N’ont pas été traités le statut des réfugiés climatiques, la protection des aires marines en haute mer, la création d’une cour mondiale pour l’environnement… Autant de marques de désengagement des États. D’où les nombreuses expositions artistiques et manifestations contestataires. Sur place, certains membres de la délégation ont trouvé la qualité des débats à dimension variable, parfois sans innovation. Christian Dutertre, enseignant-chercheur, a regretté « qu’il n’y ait pas eu au sein même de la délégation régionale de syndicat, ni de PME au Sommet ». De son côté, Nathalie Holec, en charge du développement durable au Conseil Régional et présente à Johannesbourg en 2002, n’a pas « ressenti une dynamique forte de vouloir changer le monde. J’ai été déçue par le contenu, c’est comme s’il ne s’était rien passé en dix ans ».

 

Succès de la société civile

Pourtant, le grand succès de ce sommet a été – et ce pour la première fois – la présence de la société civile, véritable force vive du développement durable. ONG, collectivités, entreprises, associations, syndicats, chercheurs du monde entier ont échangé sur leurs bonnes pratiques, prouvant qu’ils n’avaient pas attendu l’harmonisation des états pour agir. D’ailleurs, François Hollande, un des seuls chefs d’États Européens à s’être déplacé au Sommet, a notamment annoncé sur place la volonté « d’associer à terme la société civile aux décisions nationales, notamment lors de prochaines conférences sociales et environnementales ». Six régions et une dizaine de villes françaises, dont Merville, Dunkerque, Grande-Synthe, étaient présentes à Rio. Autant dire que la délégation Nord-Pas-de-Calais était la plus importante – 25 personnes – et la plus visible.

 

Au-delà de la participation aux négociations et aux tables-rondes, chacun en a profité pour renforcer des partenariats. Ainsi, le Conseil Régional a rencontré l’État du Minas-Gerais, avec qui il coopère depuis un an. Cet Etat minier réhabilite en ce moment d’anciennes mines d’or. Le Nord-Pas-de-Calais lui apporte toute son expertise, notamment en matière de recyclage. Myriam Cau a également participé à la signature d’une déclaration d’engagement commune au Sommet Mondial des États Fédérés et Régions. Une manière de renforcer les liens entre les différentes régions du monde sur le développement durable. Claude Lenglet, vice-président du World Forum Lille, annonce de son côté avoir « signé un partenariat avec l’Institut brésilien Ethos, spécialiste de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ».

 

Le Nord-Pas-de-Calais en avance

Myriam Cau, Vice-Présidente du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, Présidente du Cerdd (Centre Ressource du Développement Durable), en charge de la délégation régionale - photo Anne Henry-Castelbou

 

Pour Pierre Radanne, négociateur à Rio et un des initiateurs du développement durable dans le Nord, le succès de Rio dépendra de la « capacité des pays et territoires à élaborer ces objectifs de développement durable, notamment via les Agenda 21, dans un délai de 3 ans. Le Nord-Pas-De-Calais est très avancé sur ce sujet et peut jouer un rôle majeur » (NDLR : écoutez Pierre Radanne face aux JNE à Rio en cliquant ici). Mais d’ores et déjà, la majorité des participants de la délégation reviennent avec de nouveaux projets en tête, avec la volonté de continuer à travailler ensemble et d’essaimer autour d’eux cette dynamique du développement durable. Pour Myriam Cau : « Il est urgent d’agir et de renforcer notamment les liens entre collectivités, entreprises et syndicats. Et nous allons préparer une charte des responsabilités, à faire signer aux acteurs régionaux à l’automne 2012, avec un point tous les deux ans. Il faut dépasser les ambitions de l’Agenda 21. » Pour Lou Dengreville, de l’Observatoire de la Biodiversité du Nord-Pas de Calais, « je fourmille de nouvelles idées pour l’Observatoire. La participation à ce sommet m’a renforcée dans mon action et me donne envie de travailler davantage en réseaux. » Pour Claude Lenglet, « grâce à son nouveau partenariat avec Ethos, appelé Global Union Force Substainability, le World Forum Lille est prêt à s’engager demain auprès des entreprises, villes, associations régionales pour mettre en œuvre des actions de RSE ». Preuve que Rio+20 n’a pas été un sommet, mais plusieurs : celui des États, celui de la Société Civile, celui des Peuples, celui des rencontres.

 

* Vice-Présidente du Conseil Régional, Présidente du Cerdd (Centre Ressource du Développement Durable), en charge de la délégation régionale.

 

Cet article a été publié dans la Croix du Nord, et reproduit sur le site des JNE avec son accord.

 

 

Les essentiels du dossier

25 Nordistes au Sommet de la Terre

La délégation du Nord-Pas-de-Calais, présente au Sommet de la Terre 2012 à Rio du 18 au 22 juin, regroupait des collectivités, entreprises, associations, instituts de recherche et d’enseignement supérieur.

Principales avancées du Sommet

Adoption du statut de non-régression, qui empêche les Etats de faire marche arrière en matière d’acquis d’environnement, au niveau législatif – élargissement des compétences du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), basé au Kenya – fixation d’ici 2015 d’Objectifs de Développement Durable, à mettre en œuvre d’ici 2030 – création de financements innovants dédiés à l’environnement.