Les prévisions météorologiques promettent une « mise en conformité » de la fin du mois de décembre aux normes saisonnières hivernales, relatives à l’Algérie.
par M’hamed Rebah
En 2025, à quarante-huit heures du 21 décembre, qui indique le début de l’hiver sur le calendrier, le temps était imprégné de tons printaniers, rendant possible une promenade le soir à Alger, le long du front de mer, sans risquer d’attraper froid ou d’être trempé par une averse subite. En mai dernier, c’est le printemps qui avait des allures d’automne. Le désordre dans les saisons a contribué à populariser en Algérie le phénomène du changement climatique qui a pris sa place parmi les sujets de discussions courants. Les profanes s’autorisent à dire qu’il n’y a plus de saisons sans paraître exagérer.
Au plan officiel, c’est une autre impression. L’Algérie a été représentée à la 30e conférence de l’ONU sur le climat (COP30), à Belém au Brésil, du 10 au 21 novembre, par une délégation dirigée par son ambassadeur dans le pays hôte, à la différence de la plupart des COP précédentes, et pas seulement les plus importantes comme la COP 3, à Kyoto en 1997, qui a adopté le protocole de Kyoto, ou la COP 21, en 2015, qui lui a donné un prolongement avec les Accords de Paris. Pendant longtemps, c’est le ministre chargé de l’Environnement qui se déplaçait pour participer aux COP à la tête d’une délégation composée d’un nombre pléthorique d’experts et d’administratifs qui, d’ailleurs, voyageaient à l’étranger, chaque année, de COP en COP, et de villes en villes, selon la répartition par continent du lieu de déroulement de la Conférence.
Cette différence de niveau de représentation traduit-elle le nouveau regard officiel porté par l’Algérie sur le changement climatique et, par conséquent, l’intérêt accordé aux COP ? En l’absence d’envoyés spéciaux ou de correspondants sur place, les médias algériens ont commenté l’événement à partir d’informations données par les agences de presse et les médias étrangers, en termes généraux, sans référence précise et pertinente à la participation algérienne à la COP30.
Auparavant, c’est le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Abdelhak Saihi, qui a présenté lors de la 2e séance des travaux de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies tenue à New York (22-29 septembre), le Plan national Climat (PNC) pour la période 2020-2030. « L’Algérie s’est engagée dans l’élaboration du PNC 2020-2030, en tant que stratégie efficace alignée sur ses priorités nationales, tout en tenant compte de ses engagements internationaux, conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et aux accords et protocoles qui en découlent », a-t-il indiqué. Quelques jours après la clôture de la COP30, la ministre de l’Environnement et de la Qualité de la Vie, Mme Kaouthar Krikou, a lancé un programme national de formation, par le biais des clubs verts dans les établissements d’enseignement, sur les mécanismes d’intégration des jeunes dans les domaines de l’environnement et de la prise en compte des effets du changement climatique.
L’environnement urbain
La lutte contre les infractions urbanistiques semble être la priorité des pouvoirs publics en matière d’environnement urbain. Il s’agit du contrôle des chantiers pour veiller au respect des règles de construction et la lutte contre les bâtis illicites ou non conformes. Il y a également la lutte contre la pollution et la répression des comportements nuisibles tels que les dépôts sauvages de déchets. Insensiblement, l’attention accordée à la qualité de l’environnement urbain (lutte contre les rejets anarchiques des déchets, contre les nuisances sonores, contre les atteintes à la voirie,…), par les citoyens et aussi au niveau d’autorités locales en divers endroits du pays, a enregistré un recul que l’on peut constater directement sur le terrain.
Des efforts sont annoncés pour l’amélioration du cadre de vie en milieu urbain à travers, notamment la réhabilitation des espaces publics. Mais dans cette démarche, les nuisances sonores continuent à être sous-estimées, alors qu’elles détruisent la vocation reconnue aux espaces publics que sont les places, les jardins, les squares,… qui est de procurer la tranquillité et la quiétude. Aujourd’hui, tout le monde se plaint du bruit, interdit par la loi mais toléré dans les faits, ressenti comme un élément majeur du malaise urbain.
Les énergies renouvelables
Les énergies renouvelables sont présentées comme la clé de la solution aux défis liés au climat. C’est, en même temps, une marque de progrès par leurs multiples impacts sur l’économie et comme facteur de stimulation de l’innovation technologique. L’Algérie s’est résolument engagée dans cette filière en février 2011 sur la base d’un programme ambitieux au départ, dont l’objectif et l’échéance ont été réajustés ensuite, à deux reprises, en 2015 et en 2020, pour viser une cible plus réaliste : 15.000 mégawatts (MW) d’énergies renouvelables à l’horizon 2035. En parallèle, une opération de raccordement au réseau électrique des zones éloignées, notamment dans le sud, via des systèmes solaires individuels et des centrales photovoltaïques hors réseau, est envisagée.
Le ministre de l’Energie et des Energies renouvelables, Mourad Adjal, a rappelé lors d’une séance d’audition devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale en octobre dernier, que « le développement des énergies nouvelles et renouvelables ainsi que l’efficacité énergétique figuraient parmi les priorités de la stratégie énergétique nationale ». Il a souligné que « la nouvelle organisation du secteur permettra au ministère de concentrer ses efforts sur l’accélération de la réalisation des objectifs fixés ».
En plus d’économiser le gaz, ce programme permettra, a insisté le ministre, « de développer une industrie tout au long de la chaîne de valeur, de stimuler la dynamique de l’hydrogène vert, d’exporter l’électricité produite à partir de sources renouvelables et de réduire l’empreinte carbone ». Plus récemment, il y a moins d’une semaine, Mourad Adjal était à Guerrara (wilaya de Ghardaïa) pour la réalisation d’une centrale solaire de 82 MW appelée à renforcer le dispositif énergétique photovoltaïque de la wilaya, en plus de créer des emplois. En clôturant sa tournée de travail, le ministre a visité l’Institut des énergies renouvelables qui se trouve à Bounoura ,dans la wilaya de Ghardaïa.
Sur le terrain, de nombreux indices prouvent que le programme des énergies renouvelables a pris un nouvel essor. La première phase – une capacité de 3.200 MW, à travers 14 wilayas – connaît un début de concrétisation avec la réalisation, très bientôt achevée, des deux centrales solaires photovoltaïques d’El Ghrous (wilaya de Biskra) et de Tendla (wilaya d’El-Meghaïer) de 200 MW, chacune. Dans un peu plus d’un mois, du 2 au 4 février 2026, le 15e salon international Era, dédié aux énergies renouvelables, aux énergies du futur et au développement durable, qui se tiendra au Centre de Conventions, à Oran, offrira l’occasion de faire le point sur les progrès enregistrés par le programme des énergies renouvelables et confirmer les bonnes perspectives qui se présentent pour la transition énergétique en Algérie.
Cet article a été publié dans La Nouvelle République (Algérie) du dimanche 21 décembre 2025.
Photo : Alger, le 21 décembre 2025, en mi-journée © M’hamed Rebah




