Voici un texte rédigé par l’un de nos adhérents à l’occasion de la rencontre autour de l’oeuvre de François Terrasson organisée par les JNE le 8 janvier 2026 à l’Académie du climat (Paris).
par Laurent Samuel
Carlier, Vadrot, Pellerin, Ambroise-Rendu, Sainteny, de Swarte, Cans, Terrasson… En ces temps là aux JNE, on s’appelait par nos noms de famille, comme à l’école primaire de mon enfance. Oui, d’accord, comme on le voit à la lecture de cette liste, il y avait peu de femmes, hormis Lauroy (Nicole). Mes premiers souvenirs de Terrasson remontent à un voyage JNE au Burkina Faso début 1984, consacré à la lutte contre la désertification, avec une visite du centre agro-écologique de Gorom Gorom (avant que Pierre Rabhi n’y pose ses sandales). A l’intérieur d’un groupe mené par Vadrot (surtout occupé à tenter d’obtenir une interview du président Sankara) et riche en fortes personnalités comme Weiss, Martin Ferrari ou le très pointilleux Parizot (de l’AFP), j’avais découvert un naturaliste presque toujours de bonne humeur, et soucieux d’arrondir les angles au sein du collectif, sans se priver pour autant de remarques ironiques.
Après avoir lu et apprécié son livre la Peur de la nature sorti en 1988, où j’avais retrouvé avec bonheur l’influence de l’éco-psychologie portée par Gregory Bateson de l’école de Palo Alto, alors peu connue en France, j’ai eu la surprise de retrouver Terrasson à la veille de la première Guerre du Golfe (1991) chez Teddy Goldsmith (lui aussi adhérent des JNE) dans sa maison de Richmond, près de Londres, où je m’étais rendu pour une grande interview à l’occasion de son livre 500 jours pour sauver la planète. Pas une minute à perdre, avait jugé Robert Fiess, alors rédacteur en chef par intérim de Ça m’intéresse, qui avait décidé d’en faire vite une cover story.
Quelque temps plus tard, Ça m’intéresse avait interviewé Terrasson après la parution de sa tribune anti Natura 2000 parue dans la Recherche, et je me souviens de ma collègue Caroline Tancrède, chargée de la rubrique actualités, pestant contre son répondeur téléphonique (note pour les jeunes générations, : ancêtre de la messagerie de nos portables) sur lequel elle tombait jour après jour, avant qu’il ne se décide enfin à la rappeler.
Au début des années 2000, j’ai retrouvé François (les prénoms avaient supplanté les noms de famille) au sein du conseil d’administration des JNE, alors traversé par des crises (présidence autoritaire de Claude-Marie, départ conflictuel d’une salariée…). Comme vingt ans auparavant aux portes du Sahara, il s’attachait à résoudre les conflits au lieu de les attiser, sans pour autant se départir de sa malice et de son ironie proverbiales.
Vingt ans (déjà…) après sa mort, je me réjouis de ce que les JNE lui rendent hommage en se focalisant sur l’actualité de sa pensée auprès des naturalistes et philosophes des années 2020.




