par Isabelle Vauconsant,
présidente des JNE
En cette rentrée mouvementée, c’est pour moi une bonne nouvelle et un vrai plaisir d’avoir reçu la confiance du conseil d’administration des JNE pour assurer cette année la présidence de l’association.
Si on fait un rapide tour de la situation, l’année 2025 restera dans les annales comme celle du grand abandon. Quarante-trois renoncements écologiques en France, selon le Réseau Action Climat. Quarante-trois coups de canif dans un contrat avec l’avenir que nous pensions pourtant signé. Comment en sommes-nous arrivés là ?
La liste pourrait susciter la colère : suppression des Zones à Faibles Émissions, abandon de l’objectif Zéro artificialisation nette, relance de l’A69… Chaque mesure, prise isolément, peut sembler anecdotique face aux défis économiques immédiats. Mais leur accumulation dessine le tableau inquiétant d’une France qui n’est pas à la hauteur des enjeux climatiques et de biodiversité. Pourtant, l’urgence n’a jamais été aussi criante.
Le symbole est cruel : le ministère de la Transition écologique relégué en avant-dernière position protocolaire. Cette dégradation traduit une hiérarchisation politique où la planète et celles et ceux qui l’habitent ne sont pris.e.s en compte ni sur le territoire français, ni à l’international.
Cette régression n’est ni accidentelle ni conjoncturelle. Elle révèle la fracture profonde entre la conscience de l’urgence climatique, la capacité des sociétés démocratiques à réagir et l’affirmation d’une volonté face aux régimes autoritaires qui se multiplient. Car derrière chaque recul se cache un lobby dont le profit financier et/ou politique est le moteur principal.
L’Europe, malgré des décisions positives que nous ne manquons pas de saluer, n’échappe pas à cette vague. Les normes environnementales subissent une érosion constante, victimes d’une vision court-termiste qui ignore délibérément la multiplication des alertes des scientifiques au profit d’une économie délétère pour tous les vivants de cette planète. Quant à l’Amérique de Donald Trump, elle efface les données pour faire disparaître la vérité.
Pendant ce temps, les canicules s’intensifient, la biodiversité s’effondre et les événements climatiques extrêmes se multiplient. La réalité physique du dérèglement climatique, implacable, ne négocie ni avec nos calendriers électoraux, ni avec nos contraintes budgétaires. La fin du mois ne s’oppose pas à la fin du monde.
Ce grand recul pose une question fondamentale : sommes-nous capables de démocratie écologique ? Pouvons-nous concilier temps court de la politique et temps long du climat ? La réponse dépendra de notre capacité collective à dépasser les intérêts particuliers pour embrasser l’intérêt général planétaire.
Une vérité s’impose : chaque jour de retard pris aujourd’hui se paiera au prix fort demain. L’ONU a évalué le coût de l’inaction climatique, en 2006, à cinq fois celui des mesures d’adaptation et de résilience. Les études, depuis, le confirment. L’histoire jugera sévèrement cette génération politique qui aura eu toutes les cartes en main pour agir et aura choisi, par facilité ou par calcul, la voie du renoncement.
Nous, journalistes, auteur.e.s, pouvons essayer de faire barrage à la désinformation. Nous devons pour cela nous parler et nous former. Les JNE sont un espace de parole et d’échange.
Notre mission, si nous l’acceptons, en tant qu’auteur.e.s et journalistes est d’apporter notre voix à l’émergence de la vérité, de la conscience, de la dénonciation des mensonges volontaires ou involontaires et autant que possible, d’ouvrir nos sujets vers des solutions locales et globales car il s’expérimente des choses merveilleuses partout sur le territoire et dans le monde.
Isabelle Vauconsant collabore à de nombreuses publications, dont Hortus Focus, la Relève et la Peste, l’Ami des Jardins et Rustica.
Photo du haut © Isabelle Vauconsant
