Le 16 juillet 2025, les JNE ont organisé un webinaire avec trois administrateurs du Conservatoire du Littoral qui vient de fêter ses 50 ans, mais dont l’existence semble menacée par le train d’économies du gouvernement.
Créé par l’Etat en 1975 pour éviter de voir le littoral français défiguré par de grands complexes touristiques privés, bâtis dès les années 60 issus de la mission Racine (comme La Grande Motte), le Conservatoire (agence d’Etat) a pour mission d’acheter des espaces naturels, qui deviennent alors des domaines inaliénables, pour les protéger, tout en laissant le public y accéder.
Avec son siège social à Rochefort, ses salariés dispersés sur le territoire et ses quelque 900 gardes (personnels des collectivités territoriales), le Conservatoire est aujourd’hui proche et apprécié des collectivités locales et des associations de protection de la nature qui participent à la gestion de ces espaces sauvegardés. Plus récemment, l’Etat a confié au Conservatoire la mission d’acheter des exploitations agricoles en Bretagne pour diminuer l’afflux des algues vertes en bord de mer.
La mission du Conservatoire ne concerne pas uniquement le littoral, mais aussi la protection des rives des grands lacs naturels (de plus de 1000 ha) dans les terres. Dans sa gestion des sites, il prend soin aujourd’hui de créer des corridors pour la biodiversité. En 2016, le Conservatoire a par ailleurs créé un programme appelé Adapto qui préconise une gestion souple du trait de côte face à la montée du niveau de la mer et à des tempêtes plus fortes en raison du changement climatique. Certaines solutions préconisent la renaturation (SafN), mais quelques décideurs, notamment en Camargue, persistent à vouloir construire de nouvelles digues toujours plus hautes, convaincus que l’homme est plus fort que la nature.
En 2025, le budget du Conservatoire était de 66 millions d’euros, attribués par l’Etat, des fonds européens et des collectivités locales. Les administrateurs présents lors de notre webinaire – François Léger (AgroParisTech), Elodie Martinie-Cousty (FNE) et Philippe de Grissac (LPO) – ont souligné que la protection bénéficie à l’économie locale. Ainsi, la réserve des Sept-Îles en Bretagne (Perros-Guirec), sur laquelle se trouve la seule colonie de fous de Bassan de France, ou la Dune du Pilat (Arcachon), plus haute dune d’Europe, sont des lieux touristiques très prisés. Les administrateurs ont parlé d’un retour sur investissement de 1 à 10 pour chaque euro investi dans la conservation d’un site naturel. Leur conclusion est que d’une manière générale, le Conservatoire est un atout pour la biodiversité, l’adaptation au changement climatique, avec des solutions d’adaptation fondées sur la nature, et pour la santé mentale des humains qui peuvent encore trouver des espaces naturels où se ressourcer. Pour eux, le projet de fusion avec l’OFB (Office français pour la biodiversité) n’aurait aucun sens, car les missions de ces deux établissements publics sont très différentes. D’autre part, aucune évaluation financière n’a été faite sur l’économie d’échelle que cela pourrait engendrer.
Une pétition ayant recueilli près de 12 000 signatures en date du 16 juillet circule actuellement pour que le Conservatoire du littoral ne soit pas démantelé ou fondu dans une autre organisation.
A lire, la tribune publiée dans le Monde, signée par de nombreuses personnalités.
Pour en savoir plus sur le Conservatoire du littoral : https://www.conservatoire-du-littoral.fr/