Sommet de Nice : l’océan et la santé, des enjeux importants

Aborder notre relation à l’océan par le prisme de la santé, tel est le défi que s’est donné notre consoeur, la réalisatrice Pascale d’Erm (JNE), qui a présenté son film Aqua au Sommet sur l’Océan à Nice lors d’une journée co-organisée avec l’Institut de la Mer de Villefranche (IMEV).

En introduction, la chercheuse Eva Ternon, du laboratoire océanographique de Villefranche-sur-Mer (LOV), a souligné l’interdépendance qui existe entre la santé humaine et la santé des écosystèmes océaniques.

Ainsi, le changement climatique et la pollution peuvent avoir des effets négatifs sur la santé des organismes marins comme sur la santé humaine. Rodolphe Lemée, de l’IMEV, a cité le cas de micro-algues tropicales, les ostreopsis, qui ont étendu leur aire de répartition jusqu’en Méditerranée sous l’effet du réchauffement climatique et peuvent provoquer des irritations, ou encore celui du fugu, un poisson que l’on trouve en Méditerranée orientale et qui peut être responsable de graves intoxications alimentaires.

Justine Berthod, doctorante en sociologie, qui vient d’achever une thèse sur l’impact environnemental et social de la présence du chlordécone dans la mer en Martinique, a exposé l’interdiction de pêche qui touche 30 % des côtes et pose problème tant pour les pêcheurs que pour les consommateurs. Comment vivre avec cette pollution ?

De son côté, la géochimiste Nathalie Vigier de l’IMEV a présenté ses recherches sur la pollution au lithium du milieu marin.

Mais l’océan peut avoir aussi des effets positifs insoupçonnés sur la santé humaine. C’est le concept de santé bleue, développé dans le film Aqua de Pascale d’Erm et renforcé par plusieurs témoignages d’acteurs présents lors de cet événement.

Il a notamment été question de la médecine hyperbare, développée par le professeur Mathieu Coulange, chef de service à l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille, qui consiste à emmener des patients faire de la plongée sous-marine. La pression agit sur le rythme cardiaque et sur la respiration et diminue le stress. Associée à la méditation, cette pratique s’est révélée bénéfique pour des soignants en burn-out ou certaines victimes de choc post-traumatique suite à l’attentat du Bataclan.

Cette pratique de la plongée est aussi proposée à des patients atteints de cancers pour les aider à surmonter le stress du diagnostic et les effets des traitements. C’est ce que promeut l’association Plongée résilience, dirigée par l’oncologue Elisabeth Carola à Chantilly ou encore la chirurgienne gynécologue Véronique Vaini Cowen, spécialisée en pathologie mammaire à Aix-en-Provence, qui plonge régulièrement avec ses patientes au sein de l’association Les bulles roses. Des bénéfices soulignés par l’une de ses patientes qui s’est exprimée au nom du groupe et a ébranlé la salle par son témoignage. « Et si le cancer était un cadeau ? » a-t-elle lancé. « Quand on est dans l’eau, on n’a plus de pensées toxiques et cet effet perdure. Pour certaines, c’est comme une nouvelle vie », a-t-elle expliqué, soulignant la nouveauté de l’expérience et la solidarité qui s’exprime au sein du groupe.

« La pratique de sports aquatiques et subaquatiques est bénéfique pour différentes pathologies : insuffisance cardiaque, perte d’autonomie… », a exposé Aurélien Guillois, éducateur sportif spécialisé au sein de l’association Refaire surface : celle-ci est même parfois prescrite par certains médecins via des Maisons de santé.

Mais l’océan n’est pas qu’un outil au service de la santé. Ces activités conduisent aussi à augmenter la conscience de notre interdépendance avec les écosystèmes marins. Aimer, connaître, protéger… Et si c’était la clé pour changer de comportement envers l’océan ? Mais tout ne se joue pas au niveau individuel et rien ne changera s’il n’y a pas une volonté collective. Pour le moment, on en est au tout début d’un processus, même si l’on dispose déjà de 300 à 400 études scientifiques. « En Europe, il y a quatre consortiums qui travaillent sur les thérapies fondées sur la nature. Mais il n’y a pas un seul Français qui y participe », déplore Pascale d’Erm.

Photo : la journée sur la santé et l’océan organisée par Pascale d’Erm dans le cadre du Sommet de Nice © Carine Mayo

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