Méga-bassines : mobilisation internationale à Melle (Deux-Sèvres) les 24, 25 et 26 mars 2023

Méga-bassines ou réserves de substitutions gigantesques : une « maladaptation » au changement climatique. Un combat pour la défense de l’eau, contre l’agriculture industrielle énergivore et destructrice et pour une agriculture paysanne et nourricière.

par Pierre Grillet

Alors qu’Amazon fait son entrée au salon de l’Agriculture discrètement camouflé sous l’étiquette aguichante « la boutique des producteurs » (on croit rêver), décidément rien ne nous aura été épargné, un événement international autour de l’usage de la ressource en eau, des ravages de l’agriculture industrielle et « performante » et pour un changement radical, urgent et rapide des pratiques agricoles dites « conventionnelles » va se tenir prochainement autour de Melle, dans les Deux Sèvres.

Ce rassemblement, soutenu par Bassines non merci, la Confédération paysanne (de nombreux paysans devraient rejoindre le lieu avec leurs tracteurs), les Soulèvements de la terre et plus de 180 organisations (syndicats, collectifs, associations) de plusieurs pays sera l’occasion de nombreuses rencontres et débats, de moments festifs ainsi que des moments de manifestations actives et efficaces, notamment lors de la journée du 25 mars.

Le texte qui suit reprend intégralement le communiqué des organisations appelant aux rassemblements.

24/25/26 mars –Melle (79) – Pas une bassine de plus – Mobilisation Internationale pour la défense de l’eau.

Depuis un an, le mouvement parti du marais poitevin pour arrêter les méga-bassines a pris une ampleur retentissante par le biais d’une série de manifestations populaires et d’actions de désobéissance destinées à arrêter les chantiers en cours. Ces cratères géants d’une dizaine d’hectares, remplis en puisant dans les nappes phréatiques sont devenus le symbole d’une maladaptation au changement climatique. Ils incarnent le maintien coûte que coûte d’une irrigation excessive et d’un modèle agro-industriel qui écrase les paysan.nes, détruit les milieux naturels et menace in fine les populations. A partir d’une série de nouvelles bassines projetées dans les Deux-Sèvres, ces infrastructures menacent de se répandre dans d’autres régions à grand renfort d’argent public.
Avec la mobilisation historique de Sainte-Soline, c’est à l’ensemble du pays et bien au-delà que se sont vus révélés les enjeux de l’accaparement de l’eau par une minorité d’irrigants, en pleine sécheresse systémique. Face à la détermination et au nombre chaque fois croissant de manifestant•es, le gouvernement n’a pour l’instant pour seule réponse que d’interdire, réprimer et annoncer à l’arrachée 30 nouvelles méga-bassines dans la Vienne. Mais de toutes parts, le dispositif bassine et ses protocoles prennent l’eau, de nombreux•ses acteurs•trices clés des territoires concernés – tout comme une partie croissante du monde paysan ou scientifique – le rejettent de plus en plus ouvertement.

Il faut maintenant faire en sorte que ce refus aboutisse. Tant que les chantiers continuent, tant que le gouvernement, inféodé aux lobbies et multinationales de l’agro-chimie se refuse à un moratoire, tant que la question du partage de l’eau ne sera pas remise au cœur du débat, le mouvement va devoir encore se renforcer. Nous appelons donc à une manifestation internationale anti-bassines le 25 mars prochain dans le Poitou-Charentes. Cette manifestation aura de nouveau pour enjeu d’impacter concrètement les projets de bassines et leur construction, à Sainte-Soline, Mauzé-sur-le-Mignon ou ailleurs… Elle pourra se déployer aussi vers les lieux de pouvoir où ces projets sont échafaudés. L’appel à cette mobilisation est porté par un ensemble d’associations, syndicats, partis, ONG, fermes et collectifs…

Que ce soit face à la réforme des retraites ou aux méga-bassines, il nous faut désormais faire primer la mise en commun et la solidarité, et mettre fin à la mainmise croissante d’une minorité sur les ressources vitales et les richesses. Puisque le gouvernement passe en force, puisqu’il y a plus que jamais urgence à protéger l’eau, les terres nourricières et à faire obstacle à la fuite en avant du modèle agro-industriel, nous ne doutons pas un seul instant être encore beaucoup plus nombreux⋅ses et tout aussi déterminé⋅es à nous retrouver le 25 mars.
Ce large rassemblement fera aussi la place à des temps de convergences pour construire d’autres projets de territoires ainsi qu’à de beaux moments de fêtes pour célébrer la résistance.

Dans le sillage de la journée mondiale de l’eau du 22 mars et à l’occasion de cette manifestation, le Poitou sera aussi un lieu de convergence de délégations internationales venues de régions du monde en lutte pour la défense de l’eau et la protection des communs.

Nous vous appelons à faire connaître cette date partout et à mobiliser en ce sens. Des tournées d’information s’organisent en France et dans plusieurs autres pays jusqu’au 25 mars. Des convois paysans en tracteur et d’autres à vélo se mettent en place depuis diverses régions pour rejoindre la manifestation.
Nous sommes l’eau qui se défend ! No bassaran !

Au programme

Vendredi 24 mars
Accueil des convois de tracteurs venus de différentes régions du pays pour participer à la mobilisation
Débat – Regards intercontinentaux sur les luttes paysannes pour les terres et les enjeux liées a l’eau avec des représentant.es de la Via Campesina de la Confédération Paysanne et Massa Koné (paysan au Mali et porte-parole de la convergence globale des luttes terre et eau Ouest Afrique)
Table ronde : Alliances internationalistes des mouvements populaires et autochtones pour la défense des doits à l’eau avec Manuela Royo (Chili – membre du MODATIMA et de l’assemblée constituante) Layla Staats (Nation Mohawk – résistance autochtone pour les droits d’accès à l’eau) et une militante des luttes écologistes pour l’eau au Kurdistan

Samedi 25 mars
10h – Manifestation « Pas une bassine de + » (Poitou) les infos précises sur les point(s) de départ(s) seront communiqués très prochainement
Le soir Concerts et Festivités avec : la Minimum Fanfare, la Fanfare Climatique, la Fanfare à effet de voûte, Jumbo System (afrobeat survitaminé), basstong (electrotongue) Turfu (techno guiguette), Cordcore (trio frappé à cordes et cercles de transe), Krav Boca (cirque rap-punk mandolino-insurgé), Tarenta Lanera (tarentelle électrique), Souk System and Friends (Dj’s et dance floors), ElectrikGirl (riot electro grrrl) Lula666 (Reggeaton/HardBaile), HighFem (rap2zouz)

Dimanche 26 mars
Tout au long de la journée – Balades et animations naturalistes, spectacles pour mômes, burlesques, de danses, fanfares et arts de rue..
Matin :
Assemblée des comités locaux pour la fin des méga-bassines.
Assemblée de convergence « fin du monde fin du mois – même combat » avec des syndicalistes Solidaires et CGT (UL)
Après midi :
12h: Big Choeur inter-chorales de tout le pays.
14h: Luttes syndicales internationales pour le partage de l’eau avec des syndicalistes de différents pays
14h: Ravages agro-industriels et résistances paysannes avec Inès Léraud (journaliste) Anne-Morwenn Pastier (Hydrogéomorphologue) et des paysan.nes du Poitou
14h: Projection-débat « Notre Terre mourra proprement » du Comité Centrales avec les réalisateur/trices et des collectifs engagés dans les batailles anti- nucléaires de ces dernières décennies.
En soirée : Concerts – Quintet Hamon Martin (trad’ breton et folk aérien), Zahrzä (pskratatouille de chanson, balkan,ska),, Dhakhan Tribe (tribal dub), Armando Balconi (juke-boum et kara-homme-orchestre), los Guerreros (Cumbia, Rock’n’Roll y Nachos)