Des attaques sans précédent contre les défenseurs de l’environnement – par Christophe Gatineau

Depuis dix ans, les attaques contre les défenseurs de l’environnement sont sans précédent en France. Au-delà des menaces et des intimidations, elles prennent parfois des allures criminelles.

On se souvient de l’affaire Morgan Large, la journaliste bretonne, dont l’une des roues de voiture avait été déboulonnée le 31 mars 2021. Le but était sans équivoque : la réduire au silence. Il y a quelques jours, un nouveau pas a été franchi dans la violence, avec la probable tentative d’homicide sur Paul François, ce céréalier charentais qui avait fait condamner Monsanto. « On en a marre de t’entendre et de voir ta gueule à la télé », lui ont lancé ses agresseurs. Une enquête est ouverte pour « violences en réunion », « arrestation et séquestration », et « administration de substances ». Il ne doit la vie sauve qu’à l’éclairage automatique de sa maison qui s’est allumée.

Certains scientifiques ne sont pas les derniers pour dénigrer l’écologie. À l’exemple de Nature, la célèbre revue anglaise, qui offrait au glyphosate une nouvelle virginité en 2019 ! Un produit qui ne laisse pas de traces dans la Nature selon leurs auteures… Biodégradable et inoffensif pour la faune. Nature s’était déjà illustrée en 2018, en publiant que les pesticides sont meilleurs pour le climat que l’agriculture bio… Partant du principe que l’agriculture chimique utilise moins de sols grâce à ses engrais ! Les scientifiques sont même allés jusqu’à soutenir que l’alimentation biologique encourage la déforestation…

Même la presse fait sa part contre l’environnement ! Le 10 juin 2022, le Huff Post publiait un article intitulé : « Manger bio n’est pas forcément la meilleure solution pour vous et la planète ». Ce qu’une telle affirmation sous-entend, c’est que si manger bio n’est pas la meilleure solution pour la planète, les pesticides, eux, pourraient l’être. C’est malin et ça fait naître le doute, du grand art. Extrait : « Il y a un ver dans la pomme, même bio : le labour détruit la biodiversité tout comme les pesticides. » Suite au tollé sur les réseaux sociaux, cette phrase sera supprimée, car les journalistes avaient juste oublié de préciser que ce n’est pas le labour qui détruit la biodiversité, mais la manière dont on laboure aujourd’hui. La nuance est considérable, mais l’industrie des pesticides exploite le filon sans vergogne.

Ceux qui préfèrent le glyphosate à la charrue disent : le labour encourage la respiration des bactéries qui, en respirant, dégazent du CO2 et augmentent l’effet de serre ! En ne labourant pas, nous diminuons donc la dégradation de la matière organique et augmentons la capacité de stockage en carbone des sols. En ralentissant le cycle, notre agriculture permet de lutter contre le réchauffement climatique, contrairement à l’agriculture biologique qui laboure. Mais eux aussi oublient de dire que, pour compenser ce ralentissement et continuer à soutenir des rendements élevés, ils utilisent des engrais chimiques qui émettent cinq fois plus de gaz à effet de serre qu’en agriculture biologique. Ces émissions sont liées à leur fabrication. En bio, certes on laboure, mais on n’utilise ni engrais chimiques ni herbicides (extrait de l’Éloge du ver de terre – N° 2).

Mais le 8 février, Le Point est allé loin, trop loin, jusqu’à la désinformation la plus radicale pour stigmatiser l’écologie et les écologistes : « Les écologistes sont en train de « déconstruire » notre agriculture ! » Et à la manière d’un lanceur d’alerte, l’auteur liste leurs dégâts : « Des étables vides, des vergers et des vignobles arrachés, des coopératives fermées, des friches, des champs abandonnés, des territoires désertés, une économie rurale anémiée, des risques naturels démultipliés ! » Et seulement en quelques années, précise-t-il… Et monsieur Pelras, l’auteur, de conclure : « Voilà ce qui attend notre pays si l’agriculture est contrainte d’abdiquer face à l’écologie. »

Marianne a publié la réponse de Christophe Gatineau à ce lynchage médiatique, que vous pouvez lire en cliquant ici. A lire aussi, le compte-rendu du webinaire des JNE du 8 février 2022 sur l’écolobashing.