A Saint-Hilaire-d’Estissac dans le Périgord, Total Energies vient d’abandonner un projet d’implantation d’une centrale solaire photovoltaïque.
par Myriam Goldminc
Les membres de l’Association pour la préservation de l’environnement des villages du Villamblardais (APEVI), qui ont bataillé juridiquement depuis sept ans pour préserver un site forestier d’environ 9 hectares, se sentent enfin récompensés de leur ténacité. « Ce que nous contestions, ce n’est pas d’avoir de l’énergie solaire, mais la conception de ce projet tel qu’il était accepté sans restriction par le préfet de région et par le commissaire enquêteur dans son rapport d’enquête publique », explique Alain Kircher, membre de l’APEVI.
L’histoire démarre en 2010. Le projet de centrale solaire au sol était alors porté par la société JMB Solaret. S’il avait l’aval de la commune de Saint-Hilaire-d’Estissac (Dordogne), ce projet était contesté par les riverains, d’une part parce que proche des habitations, et d’autre part parce qu’il prévoyait le défrichement d’un massif forestier « qualifié de dépérissant ». « Nous avons déposé dès 2014, une requête en annulation du permis de construire auprès du tribunal administratif de Bordeaux qui a été rejetée en 2016, sans tenir compte de l’expertise réalisée par la LPO et la Sepanso en 2015, qui confirmait que cette forêt n’est pas constituée d’une seule espèce de châtaigniers, mais d’essences mixtes composée de charmes, de chênes pubescents, de pins maritimes, de trembles… » La compensation prévue était celle d’une plantation d’une seule espèce : le robinier (faux acacia), ce qui portait atteinte à la biodiversité. Un fait scientifique parmi d’autres qui n’avait pas été relevé par le commissaire enquêteur ni par le préfet. Avec un nouvel avocat, en 2018, l’association fait de nouveau appel, mais sans succès : la cour administrative de Bordeaux et la préfecture leur donnent tort sans tenir compte de l’expertise réalisée cette fois par l’INRA démontrant que le bilan carbone global de cette centrale était négatif.
Coup de théâtre, la semaine dernière, quand le directeur de Total Energies annonce son intention d’abandonner le projet de centrale solaire de la Sautonie, car il ne correspond pas aux « standards de développement durable » de la compagnie. Un effet de greenwashing, peut-être, mais aussi sans doute le désir de ne plus être confronté à la ténacité d’une association qui, malgré les déboires juridiques, a tenu bon envers et contre tout. Total Energies aurait dû y prêter attention quand ils ont racheté le site en 2018. « En tout cas, c’est un grand succès pour la préservation de notre environnement, se réjouit Alain Kircher. Mais quoi qu’il en soit, nous resterons vigilants, car un nouvel acheteur est toujours possible et le préfet de Dordogne pourrait de nouveau accorder un permis….»
Photo du haut : une installation solaire photovoltaïque © Vincent Leroy -Flickr