Que crève le capitalisme, ce sera lui ou nous par Hervé Kempf (JNE)

C’est un Hervé Kempf en grande verve, digne d’un Victor Hugo, qui signe ce nouvel ouvrage. Son introduction, virulente, n’est pas sans rappeler la célèbre tirade de Ruy Blas ! Le titre, tonique, est sans ambiguïté. « Que crève le capitalisme » est un manifeste, un état des lieux brillant de l’évolution du capitalisme de ses débuts jusqu’à sa dernière phase sous l’égide de l’intelligence artificielle, et « qui ne survit que de l’anéantissement de la Terre ». Il fait comprendre pourquoi ce n’est pas l’« homme » ni « nous » qui détruisons notre espace vital, mais c’est bien un système économique, idéologique et politique qui mène l’humanité droit dans le mur. Qu’est ce qui fait qu’ « il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme », une constatation de Slavoj Žižek, qui a fortement influencé l’auteur ?

Ce système n’est universel, éternel, que dans la tête de ceux qui voient leur intérêt dans l’exploitation des ressources de la Planète tant qu’il y en a, insiste notre confrère, nourri de trente ans de journalisme scientifique, d’enquêtes sur le terrain et de la formidable expérience de « Reporterre », son quotidien en ligne. Eux, ils investissent des milliards dans le développement des technologies qui leur permettront de déménager sur d’autres planètes quand la Terre sera dégradée en un désert inhabitable. Nous, argue Hervé, nous n’avons qu’une possibilité, c’est de faire sauter ce système. Il ne propose pas de poser des bombes, mais de continuer à mettre des bâtons dans les roues de la destruction capitaliste et en même temps d’installer et de développer les systèmes économiques, multiples, non-uniformisés, égalitaires, dont le reste de l’humanité a besoin. Mais la lutte est ardue et la victoire n’est pas garantie. La conclusion du livre est la métaphore d’un ami marin : « ‘Quand tu as déjà perdu la course, c’est paradoxalement la seule chance de renverser la situation : parier sur l’impossible’. Parions sur l’impossible. Sortons du capitalisme.”


Éditions du Seuil, 120 pages, 14,50 € – www.seuil.com
Contact presse  : Séverine Roscot. Tél.: 06 16 23 37 50 – sroscot@seuil.com
(Suzanne Körösi et Danièle Boone)