Des phoques ont perdu la tête

Il n’y a pas que Max Ernst qui se spécialise dans la décapitation avec sa femme 100 têtes qui s’entête sans tête… Nous, aux JNE, on s’échappe de la vague picturale surréaliste pour parler d’un zigouillage animal qui perdure pour de vrai, du vrai de vrai.

Phoque en Bretagne – photo Erika 29 (source Creative Commons)

par Jane Hervé

Mise à jour du 11 mai 2019 : Phoques décapités dans le Finistère : trois personnes du milieu de la pêche entendues

Une tête et deux corps de phoques ont été retrouvés ces dernières semaines à Concarneau et à Trégunc dans le Finistère. Oh, ces jolies bêtes grisées qui folâtraient au bord des îles bretonnes. Des enfants attendaient qu’un bout de tête ronde apparaisse ou disparaisse, à leur grand délice. De la biodiversité ludique. Oui, mais aujourd’hui ces cadavres de phoques sont découverts, ici et là. C’est grave, rageant, scandaleux, honteux.

Une tête de phoque est trouvée, accrochée à un cordage, au bout de la digue du port de plaisance de Concarneau en février 2019. Le reste du corps du pinnipède est découvert en mars. Toujours en mars, une promeneuse trouve un autre corps, en état de moindre décomposition, sur la plage de Trégunc.

Cependant les traces de décapitation semblent similaires, réalisées avec un instrument tranchant (difficile de faire autrement !). La gendarmerie maritime de Concarneau ouvre une enquête pour retrouver le ou les auteurs de cet acte de barbarie. Une énigme de Cluedo : les coupables sont-ils des pêcheurs ? des plaisanciers ? des vacanciers ? Le colonel Moutarde écolo mène l’enquête. Il semble que l’état des mammifères exclut qu’ils se soient pris accidentellement dans des filets de pêche.

L’association Sea Shepherd, dont on connaît la lutte, propose 10 000 € à celui qui aidera à identifier le coupable. Le coupable effectif, celui qui guillotine au couteau les animaux marins ? Un seul ? N’y a-t-il pas 100/1000 coupables masqués (les humains méprisant les animaux; puis les récupérateurs de pelage, de graisse, de cosmétique; puis les obsessionnels de la surpêche, parfois même pour survivre; puis. etc.). Il y a aussi cette société mutique – nous – qui laisse faire ces carnages au coup par coup, dépouillant peu à peu l’océan de ses phoques, mais aussi de ses dauphins, de ses thons. Nos arrière-arrière-arrière-petits-enfants s’amuseront-ils en regardant jouer les phoques ?