L’appel de la forêt par Jack London – traduction Jean-Pierre Martinet

appel-foretD’où vient que cet Appel de la forêt lancé par Jack London nous appelle aujourd’hui ? Buck, chien domestiqué, refuse de tirer un traîneau et retourne à la vie sauvage (in the wild). Vendu à un bon maître qui sera tué, il  le venge en se muant en un loup et chef de meute.  La première traduction de la Comtesse de Galard en 1905,  lisse et manichéiste, sépare globalement  le Bien (la nature) du Mal (la culture et la civilisation). Or la présente traduction de Jean-Pierre Martinet  renouvelle ce récit en 1988.  Publiée aux éditions Signe de piste en 1991, elle a été peu diffusée.  Le traducteur – écrivain (auteur de Jérôme)  estime que « le petit père London n’est pas facile à traduire, contrairement à ce qu’une traduction imbécile a laissé croire. » Porteuse d’une force de vie et d’un vrai souffle littéraire, sa traduction nous invite à adhérer autrement – de façon parfois philosophique, parfois poétique – à  tant de pensées anthropomorphiques (dont l’atavisme). Le chien n’est pas un simple chien, « ni un chien de salon, ni un chien de chenil ». Il se venge, fait des remontrances, s’échine à tirer le traineau, endure son « orgueil blessé », éprouve la rivalité, connaît la loi, exprime même « la souffrance immémoriale de ses ancêtres sauvages », etc.

Cette version de L’Appel de la forêt est suivie d’une nouvelle Bâtard également traduite par Jean-Pierre Martinet. Publiée en 1902 sous le titre original de Diable – a dog, elle décrit la formidable haine entre un chien Bâtard (père loup, mère husky) et son maître sadique et… français. Ce dernier l’estime être une « créature diabolique, monstre de méchanceté et de perversion ». La haine  « enchaînait ce couple aussi inexorablement que le plus passionné des amours ». Au terme de luttes successives, suivies d’un terrifiant corps à corps, le maître et le chien mourront ensemble, « liés » par leur mutuelle agressivité. Une mort terrible à découvrir. Une fois de plus, London – prolongé par le traducteur -, renvoie une image miroir de notre société d’hommes à l’état très brut.


Éditions Finitude, 176 pages, 16,50 € –  www.finitude.fr
Contact presse : Emma Boizet. Tél.: 05 56 79 23 06 – emma.finitude@free.fr
(Jane Hervé)