Conférence environnementale : la fin d’un tabou ?

 


par Thomas Blosseville

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Ce n’était pas acquis, mais François Hollande a fixé un cap lors de la Conférence environnementale. Il a ainsi entériné une profonde évolution de la société française.

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Ils seront nombreux à juger trop timorées les annonces de l’Exécutif lors de la conférence des 20 et 21 septembre. Trop rares et trop floues. Nombreux à déplorer que la biodiversité, l’eau ou l’éducation à l’environnement soient restées dans l’ombre de la transition énergétique. Ils n’auront pas tort. Mais le bilan doit se dresser à l’aune du rôle que tient cet événement dans le débat français. Ce n’est ni l’alpha et l’omega de la politique, ni l’instance de décision. Plutôt un reflet des rapports de force qui composent la société.

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Sur l’énergie, les lignes ont bougé. François Hollande l’équilibriste s’est évertué à rassurer tant les écologistes que les entreprises et les ménages. Tantôt, servant sur un plateau les mots-clés « compétitivité », « croissance », « pouvoir d’achat »… Tantôt, posant la transition énergétique en démarche « stratégique », en « loi la plus importante du quinquennat ». De l’art de brosser chacun dans le sens du poil pour « orienter les choix du futur » sans sanctionner ceux du passé. Habile. L’heure n’est plus à débattre de la pertinence d’engager la transition, mais à s’assurer qu’une majorité en est partie prenante. Car l’horloge climatique tourne de plus en plus vite. Le Giec le rappellera le 27 septembre en adoptant le premier volet de son 5e rapport.

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Face à cet enjeu, François Hollande a donné un objectif. Réduire de 50 % la consommation d’énergie française à l’horizon 2050. Une cible lointaine ? Non, elle est à l’échelle humaine : les trentenaires d’aujourd’hui auront alors 70 ans. Hors-sujet ? Non, ce fut le cœur du débat national sur la transition énergétique, qui s’est achevé cet été. Entre des baisses de 2 0% et de 50 %, François Hollande a choisi l’option la plus ambitieuse, et tranché en faveur des écologistes au détriment du patronat et des syndicats conservateurs. Une cible symbolique ? Non, elle s’apparente à une sortie du nucléaire.

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François Hollande a posé un jalon intermédiaire : réduire de 30 % les consommations fossiles d’ici 2030. Il y a encore un an, le débat se focalisait sur les moyens de produire l’énergie : quelle part de nucléaire pour quelle part de renouvelables ? Désormais, il porte sur le niveau de consommation, donc sur la sobriété et l’efficacité énergétique. C’est une brèche historique dans le modèle de société du siècle passé. Certes, les objectifs n’engagent que ceux qui cherchent à les atteindre. Les prochaines étapes seront donc à scruter au printemps prochain avec un projet de loi et une conférence bancaire et financière sur la transition énergétique. Mais si la France s’autorise à réinventer son mode de vie pour consommer autrement, c’est qu’un déclic psychologique a déjà eu lieu.

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Thomas Blosseville est chef de rubrique chez Environnement Magazine.

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Cet éditorial n’engage que son auteur.

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