Sur les bords de la Vis, la transition écologique en actes

 


par Laurent Samuel,
Vice-Président des JNE

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Du 31 mai au 2 juin 2013, près de cinquante adhérents des JNE étaient réunis dans le charmant village de Madières, à la lisière du Gard et de l’Hérault, pour le Congrès de notre association qui, née en 1969, fête ses 44 printemps.

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L’occasion pour les participants de découvrir – ou, pour les chanceux qui y avaient déjà séjourné, de mieux connaître – un coin de nature encore largement préservé des ravages du tourisme de masse, de l’industrialisation et de l’étalement urbain.

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Mais, au-delà de cette salutaire baladothérapie (lire à ce sujet l’article d’Olivier Nouaillas, vice-président des JNE sur le site de l’hebdomadaire La Vie) ce congrès nous a aussi et surtout permis de prendre conscience d’une petite révolution qui est en train de s’accomplir sur le terrain, loin des projecteurs des grands médias. Un de ses principaux axes, à travers en particulier une table-ronde organisée le 31 mai au château de Madières, était la prochaine attribution du label Rivières Sauvages à la Vis, fougueux torrent qui traverse Madières avant de se jeter dans le Gard. Truites et loutres prospèrent dans ses eaux incroyablement limpides, ainsi que des écrevisses américaines qui, comme le déplore sur ce site Michel Sourrouille, membre du conseil des JNE, ont hélas supplanté l’espèce autochtnone.

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L’une des originalités de ce label promu par le Fonds pour la conservation des rivières sauvages et le WWF est l’implication très forte des collectivités locales dans son processus d’attribution. Dans le cas de la Vis, le projet de classement a été porté à bout de bras depuis plusieurs années par Olivier Lebrun, maire de Rogues, commune dont le village de Madières fait partie. On a donc pu vérifier à l’occasion de ce Congrès le rôle moteur des municipalités dans l’action concrète pour la transition écologique, que nous avions déjà salué sur ce site en juin 2012 lors du Sommet Rio+20, auquel une quinzaine de journalistes de notre association avaient assisté.

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Cependant, la vraie « révélation » de ce Congrès a été de découvrir que nombre d’organismes traditionnellement prudents, pour ne pas dire frileux, vis-à-vis des problématiques écologiques ont, par la voix de leurs représentants présents au Congrès, tenu des discours inhabituellement favorables à l’environnement. On a ainsi entendu Martin Guespereau, directeur de l’Agence de bassin Rhône-Méditerranée Corse, en appeler à « une révolution dans notre façon de voir les rivières », avant de proclamer : «Nous avons tous dans notre cœur une rivière de notre enfance et qu’on veut retrouver et protéger ». De même, Pascal Vardon, délégué régional de l’ONEMA (Office national de l’eau et des milieux aquatiques), organisme à vocation plutôt gestionnaire, nous a étonné avec un vibrant plaidoyer en faveur des rivières sauvages.

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Ce n’est pas tout car, au cours d’un autre temps fort de ce Congrès, la visite le 1er juin au matin du chantier de réorganisation d’un des accès au Grand Site du Cirque de Navacelles (un canyon d’une beauté à couper le souffle…), nous avons été frappés par l’engagement de l’équipe présente, et tout particulièrement de Caroline Salaün, Responsable Grand Site, en faveur d’une canalisation (à défaut d’une limitation que certains participants auraient préféré…) des flux de touristes et d’un éloignement des voitures, qui pouvaient jusque là accéder à proximité immédiate des falaises et devront dorénavant se garer à quelques centaines de mètres de distance.

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Ce souci croissant de l’environnement s’est encore manifesté lors d’une dernière visite de terrain, le 2 juin, celle de l’Arboretum du Grenouillet, situé à proximité des berges de la Vis, non loin de Madières. Son responsable, Guy Rieff, nous a en effet tenu en effet un discours en faveur des forêts « naturelles » pour le moins éloigné de la ligne productiviste dominante au sein de l’ONF (Office national des forêts) auquel il est pourtant rattaché.

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Ces évolutions s’expliquent-elles avant tout par des prises de conscience individuelles, la politique générale de ces différents organismes restant pour l’essentiel inchangée, voire les utilisant cyniquement en guise de « greenwashing » ? Ou constituent-elles, comme on peut l’espérer, les signes avant-coureurs d’une écologisation en profondeur de ces administrations qui se conjuguerait avec celle en cours dans les collectivités locales ? Seul le temps nous permettra de le déterminer. Mais une chose est certaine : le rôle des associations locales de défense de l’environnement, comme La Vis Vallée Nature animée par André Rouanet, sera décisif pour faire pencher la balance du bon côté.

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Tous nos remerciements à Olivier Lebrun et à la mairie de Rogues, à l’Office de tourisme du Gard et à sa représentante, Carole Bedou, à l’Auberge de la Vis, au ChâteauZen de Madières et au Nomad’Elze (yourtes).

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Cet éditorial, comme tous ceux de ce site, n’engage que son auteur.

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Laurent Samuel collabore notamment au site Media Pep’s.

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