Philippe Fornairon (1935-2012), grand défenseur des oiseaux

Notre ami Philippe Fornairon, ancien adhérent des JNE, est mort le 2 octobre 2012 à Mèze (Hérault) à l’âge de 77 ans. Il a été enterré le 6 octobre à Florensac (Hérault). Avec lui, nous avons perdu à la fois un grand défenseur des oiseaux et un joyeux compagnon, qui avait toujours le mot pour rire, tout en gentillesse.

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par Roger Cans

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Philippe Fornairon - DR

 

Philippe Fornairon est né le 23 juin 1935 à Aix-en-Provence. Son père, ingénieur chimiste, est alors appelé pour travailler au Maroc dans une usine d’explosifs pour l’industrie minière. Sa mère, professeur d’anglais, enseignera peu car elle donnera ensuite naissance à quatre frères et sœurs, tous né au Maroc. Philippe et son frère Francis vont découvrir très tôt la nature dans l’usine de leur père, un enclos sévèrement gardé de 30 hectares en plein bled, non loin de Casablanca. Les deux frères chassent et tirent les oiseaux sans les connaître, jusqu’au jour où Philippe abat un aigle et comprend qu’il vient de commettre un geste stupide. Il décide d’arrêter la chasse et se met à capturer les oiseaux vivants pour les baguer.

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En 1956, à 21 ans, il monte à Paris pour faire une école de photo. Il entre dans une agence de publicité comme photographe-maquettiste et travaille pour des catalogues de mode. Très vite, cependant, il s’intéresse à la protection des oiseaux et en photographie pour le Muséum national d’histoire naturelle. Il peint aussi les oiseaux. Avec les frères Terrasse, ils se retrouvent le mercredi soir à Paris entre jeunes ornithologistes. Philippe Fornairon est un gai luron et il amuse tout le monde avec ses blagues à l’accent arabe ou africain. Il pratique aussi le dessin humoristique, sur des petits bouts de papier griffonnés à la hâte et qu’il fait circuler.

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Sa passion pour les oiseaux le pousse à travailler comme bagueur ou photographe d’expédition scientifique. Il accompagne une mission de l’Institut Pasteur dans le sud algérien pour prélever le sang des oiseaux capturés vivants au filet, afin de déceler d’éventuels vecteurs de maladie. Il fait une mission au Cap Bon, en Tunisie, et au Mali pour l’observation des sarcelles. Les frères Terrasse, qui ont fondé le Fonds d’intervention pour les rapaces (FIR) en 1972, le recrutent ensuite comme premier directeur du FIR, son nouveau métier. Et il devient président de l’association des photographes du Muséum en 1981. Toujours blagueur, drôle et gentil, il est très apprécié lors des « grands messes du Muséum » où les participants à telle ou telle commission nationale s’ennuient ferme. On l’appelle alors pour qu’il lance quelques blagues au micro, ce qu’il fait volontiers. Et il a l’art d’apaiser les discussions parfois vives au sein du Conseil national pour la protection de la nature (CNPN). Mais il connaît aussi le droit et sait parfaitement plaider la cause des rapaces dans les tribunaux.

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En 1989, Philippe Fornairon choisit son successeur à la direction du FIR, Yvan Tariel, et devient chargé de communication à la LPO. Retiré ensuite à Mèze (Hérault), il retrouve son cher étang de Bagnas où il baguait les oiseaux et qui est devenu une réserve naturelle. Il crée la LPO de l’Hérault, tandis que son frère Francis crée la LPO de l’Aude. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il a dû être admis dans une maison de retraite. Son frère Francis venait le voir et ils retrouvaient tous les deux leur ancienne complicité avec des mots d’arabe.

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