Le point de vue animal


Une autre version de l’histoire, tel est le sous-titre du nouveau livre de Eric Baratay, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lyon et spécialiste de l’histoire des animaux. L’auteur montre comment l’homme “fabrique” des animaux selon ses besoins. Ainsi, les vaches étaient polyvalentes : elles travaillaient, fournissaient un peu de lait et de la viande. Le lait alors, n’était pas un aliment mais un médicament. Au début du XIXème siècle, le lait commence à être vendue en ville pour le consommer au quotidien. Dès lors commence la spécialisation, les vaches pour la viande et les vaches pour le lait. Les premières vaches n’acceptaient pas qu’on leur enlève leur veau. Le éleveurs rusèrent en ne laissant qu’un veau pour deux vaches. Et puis, à coup de sélection, on est arrivé à la Prim’Holsteinn, championne laitière de la collaboration. A la limite, elle ne supporte pas qu’on lui laisse son veau.

La corrida auquel l’auteur a consacré un livre en 1995 est revu elle-aussi du point de vue animal. Lorsque le taureau confiné dans le noir, aperçoit de la lumière, il se précipite dans l’arène, non pas pour en découdre avec le torero mais pour retrouver la liberté. De fait, en bon herbivore, il ne pense qu’à une chose: fuir et retrouver son pré. La taureau noir n’est apparu que dans la deuxième moitié du XIXème siècle parce que le noir est plus impressionnant. On a sélectionné les individus dont les cornes sont davantage parallèles, moins dangereuses. Pour les mêmes raisons, avant le combat, on leur coupe les cornes et on les lime, ce qui est extrêmement douloureux pour l’animal. Eric Baratay parle aussi des animaux dans la guerre, les chevaux des mines, ainsi que nos chiens de compagnie qui eux n’ont été “construit” qu’entre 1850 et 1920! Cette relecture de l’histoire est vraiment passionnante.


Le Seuil, Collection L’univers historique, 392 pages, 25 € – www.seuil.com
Contact presse: Séverine Roscot. Tél.: 01 41 48 83 57 – sroscot@seuil.com
(Danièle Boone)