A Rio+20, les propositions de la société civile pour faire émerger l’« économie verte »

A quelques jours du lancement du sommet Rio +20, la société civile a été invitée par le gouvernement brésilien à faire entendre sa voix sur une série de sujets, dont celui de l’économie verte. Dans le même temps, la définition même de l’économie verte divise les pays.

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 par Sara Sampaio

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Loin du centre-ville et des plages, le sommet de l’ONU sur l’environnement a déjà ouvert ses portes à Rio de Janeiro. A trois jours du démarrage des négociations officielles, le 20 juin, l’organisation onusienne se prête en effet à un exercice inédit de démocratie participative voulu par le gouvernement brésilien : scientifiques, ONG et grand public se réunissent autour de dix thèmes de discussion (océans, énergie, forêts, etc.) ; sur chaque thème, trois recommandations sont votées, l’une par les experts, la seconde par le public présent à Rio, la dernière par les internautes du monde entier. Toutes seront ensuite soumises aux chefs d’Etat et de gouvernement.

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Dans le domaine économique, la société civile a ainsi travaillé ce week-end sur deux questions fondamentales : l’économie verte peut-elle constituer une réponse à la crise ? Comment produire et consommer différemment dans la perspective d’un développement durable ? En un mot, comment faire émerger de nouvelles pratiques économiques – leviers d’une « nouvelle prospérité » -, en prenant en compte la diminution et la fragilité des ressources.

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Au vu des résultats des votes, la société civile a donné la part belle aux solutions fiscales. Elle demande d’encourager les mécanismes fiscaux durables et de supprimer ceux qui ne le sont pas, et propose de créer une taxe sur les transactions financières destinée à alimenter un « fonds vert ».

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Dimanche 17 juin, le public présent à Rio a voté une autre proposition forte : inclure les dommages environnementaux dans le calcul du PIB ; parallèlement, le panel d’experts présent a recommandé d’inciter les pouvoirs publics à opter systématiquement pour une dépense et des investissements durables.

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Le gouvernement brésilien a promis que ces propositions figureraient dans la déclaration finale du sommet. Si tel était le cas, elles trancheront avec le texte de négociation officiel. Car en réalité, peu de pays s’accordent sur la définition à donner au concept d’économie verte. La France, confrontée à des perspectives de croissance moroses, en fait son nouvel eldorado : « l’économie verte est la condition de notre redressement productif », a déclaré François Hollande le 8 juin.

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Les Etats-Unis craignent que l’économie verte ne se résume à des barrières douanières et des normes environnementales imposées par l’Europe.

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Le Brésil, qui fait de l’éradication de la pauvreté sa priorité, estime que le concept élude la composante sociale de la croissance, contrairement à la notion de « développement durable ». De manière générale, les pays en développement voient dans l’économie verte une entrave supplémentaire à leur développement, qu’ils pourraient accepter si elle était financée par les pays développés.

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Dimanche 17 juin, le texte préparatoire aux négociations proposé par le gouvernement brésilien reflétait ces désaccords. L’économie verte ne se substitue pas au développement durable, mais en est « l’un des outils », assure le document. Redoublant de prudence, il supprime l’expression d’économie verte pour la remplacer par celle de « politiques d’économie verte ». A ce stade, il semble bien difficile à croire que l’économie verte, née dans le sillage de la crise financière de 2008, s’impose à Rio+20….

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Cet article a été publié dans La Tribune.

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