Quatorzièmes rencontres nationales « chauves-souris » à Bourges

Les quatorzième Rencontres nationales chauves-souris de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) ont eu lieu du 2 au 4 mars à Bourges. La première journée était dédiée aux professionnels, les deux suivantes accessibles à tous.

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par François Moutou et Danièle Boone

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Difficile d’imaginer pour les 34 participants du « Stage chiroptères » organisé en janvier 1983 à Nancy à l’invitation du groupe mammalogique lorrain que cela deviendrait les rencontres nationales chauves-souris et qu’il y aurait 360 inscrits à la quatorzième édition. Le chemin parcouru est assez spectaculaire. La région Centre a accueilli les rencontres dès leur deuxième édition et Bourges dès la quatrième, en automne 1991. Le rythme biennal s’est installé à partir de ce moment là et s’est calé sur le mois de mars des années paires en 2002.

Greg Beuneux intervient sur le murin du Maghreb en Corse © Danièle Boone

Le plus remarquable est néanmoins du côté du contenu avec un niveau technique et scientifique qui n’a cessé de croître. D’une part on continue de découvrir de nouvelles espèces de chiroptères en Europe et en France. D’autre part les méthodes d’études se perfectionnent de plus en plus avec en particulier le développement des outils acoustiques et du traitement numérique des signaux.

Les problématiques sont malheureusement assez nombreuses entre l’impact des aménagements urbains, le développement des voies de circulation, l’usage des pesticides et l’installation grandissante de champs d’éoliennes. Les chauves-souris participent également au cycle épidémiologique de plusieurs maladies, comme réservoir ou comme victimes. Les sujets de recherche ne manquent donc pas.

Une convention européenne (Eurobats), des programmes communautaires (Life, Interreg), des plans nationaux d’action et des déclinaisons régionales structurent les démarches et apportent un cadre administratif à toute cette énergie.
La série des comptes rendus et des actes de ces réunions, régulièrement publiés depuis quelques années dans un numéro spécial de la revue Symbioses éditée par le Réseau des muséums de la région Centre de la France en est une belle illustration.
F.M.

Ces quatorzièmes rencontres « Chauve-souris » témoignent de la bonne santé de la chiroptérologie. En effet, beaucoup de chercheurs sont jeunes et totalement passionnés et la parité est bien représentée. De fait, ce domaine de reste très ouvert : il reste en effet beaucoup à apprendre sur ces petits mammifères nocturnes. Infrarouge, radiopistage, détecteurs d’ultrasons, radars sont autant de moyens techniques relativement récents désormais au service des scientifiques. Le principal but de toutes ces recherches est de mieux connaître les bestioles afin de mettre en place le plus rapidement possible des moyens efficaces pour leur sauvegarde.

Les discussions se poursuivent pendant les pauses. Ici avec Laurent Arthur – MHN (Muséum d’Histoire Naturelle) de Bourges © Danièle Boone

Les nombreuses interventions, souvent courtes, étaient des compte-rendus des études réalisées très récemment, voire en cours de réalisation aux quatre coins de la France. Beaucoup de populations de chauves-souris sont en hausse ou stable, mais il faut relativiser la bonne nouvelle. Le point de comparaison se situe finalement par rapport aux chiffres les plus bas des années 1980 où elles ont bien failli disparaître. L’interdiction du DDT est arrivée in extremis, mais l’agriculture intensive continue à utiliser bon nombre de biocides et l’urbanisation continue à faire disparaître bien des habitats. Dès lors le travail de Julie Marmet (MNHN) qui analyse les anciens registres de bagages qui remontent à 1936, est une manière de raviver la mémoire écologique.

Il a donc été beaucoup question de comportement à travers la recherche des gîtes de reproduction et d’hibernation, de territoires de chasse, mais aussi de l’impressionnante augmentation du CO2 piégé dans les grottes bien plus importante que dans l’air libre, du système Chirotech, à double tranchant. Il risque de donner bonne conscience aux industriels de l’éolien alors que, même si incontestablement il permet d’éviter la mort d’animaux, le nombre des victimes reste conséquent.

Le samedi après-midi était réservé à des ateliers. L’un d’eux était consacré à la sensibilisation du public sans lequel les opérations de sauvetage sont vouées à l’échec. Ce fut l’occasion de voir un super petit film amateur présenté par Christophe Borel (CPEPESC Lorraine). Une dizaine de personnes de tous horizons y témoignent de leur cohabitation avec les chauves-souris. Ils racontent avec leurs mots à eux et tout est dit.

Voilà, sans aucun doute, les meilleurs ambassadeurs des chiroptères. Plus leurs protecteurs seront nombreux et plus nous aurons de chance de les voir longtemps à nos côtés et pouvoir bénéficier encore longtemps de leurs précieux services – elles sont d’efficaces prédateurs de nombreux insectes nocturnes. Alors, c’est vrai, qu’après ces journées très motivantes, on a vraiment envie de retrousser ses manches.
D.B.

Plus d’infos:
Site de la SFEPM – Société française pour l’étude et la protection des mammifères
Blog d’information sur les chiroptères
Site du Museum d’Histoire Naturelle de Bourges