« Félins » : la vraie vie sauvage

Coups de griffes, crocs et rugissements : dans Félins (en salles le 1er février 2012), d’incroyables face-à-face entre fauves prêts à s’entretuer alternent avec de tendres moments de douceur. Scénarisé comme un film d’Hollywood, Félins reste néanmoins un authentique documentaire, car il nous offre un regard ouvert sur la vraie vie sauvage. Et c’est à couper le souffle.

 .

par Marc Giraud

.

Le clan des guépards © The Walt Disney Company France


J’ai beau avoir visionné des centaines de films animaliers, avoir pensé que l’on avait déjà atteint les sommets dans ce domaine, j’avoue avoir été bluffé. En général, un documentaire sur les gros animaux montre deux ou trois comportements notables, qui en sont les morceaux de bravoure. Avec Félins, les interactions entre espèces, lions et crocodiles, guépards et hyènes, guépards et lions, lions et buffles, etc., se succèdent sans arrêt.

.

Nous sommes scotchés par le courage de la mère guépard narguant les lions pour les éloigner de ses petits, par le regard glacé des lions marchant à la conquête du pouvoir, par la menace des crocodiles dans les eaux troubles ou des hyènes dans les ténèbres. Même si les scènes sanglantes des curées sont pudiquement évitées – spectacle familial oblige – Félins n’est pas un film mièvre.

.

Toutes les scènes sont authentiques. Pas un seul trucage, pas un seul animal imprégné, rien que du sauvage. Seuls le son hyper soigné et la musique, très (trop ?) présente, accentuent la force de l’image. Le commentaire – faiblesse habituelle des docs animaliers – se contente d’expliquer les enjeux de l’histoire, sans emphase, ni trop présent, ni trop absent. Il donne des noms aux animaux et c’est bien normal, puisqu’il s’agit de véritables individus, identifiables physiquement (ah, le croc cassé du lion Fang !).

.

Au cours d’une projection de presse à laquelle les JNE ont assisté (merci Aude Thomas), l’un des deux réalisateurs, Keith Scholley, nous a confié qu’il avait voulu faire un « Roi lion » avec de vrais animaux sauvages. Grand connaisseur de l’Afrique et du Massaï Mara, il a soigneusement préparé son casting : un groupe de lionnes très puissantes, capables de résister aux mâles, un clan de lions avides de pouvoir cherchant un harem, une famille de guépards sur le territoire des lions… Les rencontres entre les uns et les autres étaient inévitables. Il ne restait qu’à espérer une « happy end » possible…

 

Face au crocodile... © The Walt Disney Company France


L’autre réalisateur, le célèbre Alastair Fothergill (Un jour sur Terre), nous a révélé quelques techniques qui différencient Félins de l’animalier habituel : dramatisation de l’entrée en scène du « méchant » (le lion Kali) par une vue aérienne le montrant dans son royaume, par des filtres bleus pour la séquence des hyènes…

.

La caméra ciné-flex, qui absorbe les mouvements, a permis de filmer depuis un hélicoptère aussi bien que depuis une voiture, permettant de suivre les félins en marche, à leur niveau… La cadreuse principale, Sophie Darlington, a filmé une trentaine de scènes de chasse pour sélectionner les plus réussies, et nous a décrypté une séquence non retenue. Des séquences fantastiques ont été sacrifiées pour garder le fil rouge de l’histoire. Et l’acteur Pascal Elbé, le narrateur, nous a conté son admiration pour la connaissance de la nature de ses collègues…

.

Avec ses héros de cinéma, Félins est un véritable film racontant une histoire. Mais pas seulement. Finalement, ces animaux athlétiques toujours à la limite de leur force, somptueuses sculptures vivantes en action, nous montrent aussi les effets de l’évolution des espèces. Chacun, dans sa niche écologique, se défend avec ses armes particulières : le lion avec sa puissance, le guépard avec sa vitesse, la hyène avec ses stratégies de meute, le phacochère avec sa solidité colérique…

.

Nous assistons en direct aux effets de la fameuse « course aux armements » chère aux biologistes, où chacun doit trouver des moyens de survivre toujours plus efficaces face à ceux de ses adversaires. Chacun a sa chance, chacun peut perdre, tout peut arriver. La sélection naturelle éliminera les perdants et gardera les gagnants, de plus en plus performants, de plus en plus étonnants. À ce jeu, le spectacle de la vie est constant. François Truffaut disait : « Un bon film est aussi un documentaire ». Félins est autant l’un que l’autre, et terriblement.

 

Pour en savoir plus, cliquez ici sur le site officiel du film Félins.

.

1 réflexion au sujet de « « Félins » : la vraie vie sauvage »

Les commentaires sont fermés.