Climat : le temps des solutions ?

 


par Olivier Nouaillas
vice-président des JNE

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Nous sommes quelques-uns aux JNE à avoir suivi un certain nombre de COP et autres Sommets de la Terre. Et nous voyons s’approcher la 21e, prévue à Paris du 30 novembre au 11 décembre, avec peut-être une certaine dose de scepticisme. Comment, en effet, croire encore à un processus onusien qui dure depuis aussi longtemps, ceci alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi grande ?

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Grâce aux scientifiques du GIEC et à ses cinq excellents rapports, nous savons, en effet, tout de la menace qui nous guette si nous ne faisons rien : un réchauffement de + 4,8° C d’ici à 2100, la fonte de la banquise et des glaciers, la montée du niveau de la mer de plus d’un mètre, la bombe à retardement du permafrost, l’acidification des océans, l’effondrement de la biodiversité, la multiplication des extrêmes climatiques (inondations, sécheresse, cyclones….), l’insécurité alimentaire, les réfugiés climatiques … N’en jetez plus dans un monde déjà chaotique, inégalitaire, en proie à la violence, les récents attentats terroristes de Paris en étaient un des cruels et horribles exemples.

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Aussi, dans ce climat particulièrement anxiogène, faisons, nous les journalistes chargés de décrypter l’écologie, l’effort de ne pas en rajouter dans le catastrophisme. Car le risque est grand de finir d’apeurer nos sociétés et la peur, comme chacun le sait, est très mauvaise conseillère. Et si – oui et si …- le sommet de Paris marquait non pas l’aboutissement (ne rêvons pas …), mais le commencement des solutions. Pour la première fois, en effet, plus de 170 pays, représentant 91 % des émissions des gaz à effet de serre (dont la Chine et les Etats-Unis, les deux plus grands pollueurs) ont envoyé leur contributions volontaires de réduction de leur GES. Certes, l’ONU et de nombreuses ONG ont montré qu’en les additionnant nous restions sur un trajectoire de 3° C de réchauffement, bien au-dessus du fameux seuil de 2° C, défini comme le seuil ultime lors du sommet de Copenhague en 2009.

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C’est bien pour cette raison – la bouteille à moitié vide (pour les pessimistes) ou la bouteille à moitié pleine (pour les optimistes) – qu’il ne faudra pas lire l’accord éventuel du sommet de Paris de 2015 avec des lunettes en noir et blanc. Comme souvent, le diable se cache dans les détails et les « détails » de l’accord de Paris seront diablement importants pour l’avenir de la planète et de l’ humanité. Quid du financement du Fonds vert pour le climat, si important pour les transferts de technologies pour les pays du Sud ? Quid de leur complémentarité avec les objectifs de développement durable définis par l’ONU ? Quid de l’instauration progressive d’un prix mondial du carbone ? Quid du transfert des subventions aux énergies fossiles vers les énergies renouvelables ? Quid de l’accélération de la transition énergétique et écologique déjà engagée dans les villes et les territoires ? Quid de la sincérité des engagements des entreprises, dont certaines (pas toutes, là aussi ne soyons pas manichéens) sont tentées par le greenwashing ? Quid – et ce sera sans doute l’un des points les plus importants – des clauses de révision et des moyens de contrôle de l’accord de Paris pour ne pas attendre, les bras croisés, 2020, l’année de son entrée en vigueur ?

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Si nous n’attendons pas de Paris un « accord miracle », celui du grand soir écologique qui réglerait d’un coup de baguette magique tous les problèmes, ce sommet peut être celui du début des solutions. A ce stade, la pression de la société civile, privée de manifestations pour cause d’état d’urgence, continue d’être indispensable. A elle d’être inventive et de continuer à dire que pour commencer à résorber ce chaos mondial qui cherche à engloutir toutes nos espérances d’un monde plus fraternel et solidaire, la lutte contre le changement climatique reste un puissant facteur de paix.

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Olivier Nouaillas est co-auteur avec Jean Jouzel de Quel climat pour demain ? (Dunod, 2015). Il tient le blog « Planète verte » sur lavie.fr. Cet éditorial, comme tous ceux de ce site, n’engage que son auteur.

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Vous pouvez suivre toute l’actualité de la COP 21 sur le site de l’AJEC 21.

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