La saga des Vilmorin

Vilmorin

Claude-Marie Vadrot a visiblement pris du plaisir à écrire ce livre. Le texte est alerte, imagé et on se surprend à dévorer l’histoire de cette famille extraordinaire au sens littéral du terme. Philippe-Victoire Levêque de Vilmorin, tout un programme déjà, rien que dans le prénom, est le premier de la lignée. Il quitte sa Lorraine natale pour Paris où il va fort bien réussir grâce notamment la belle Adélaïde qu’il épouse, devenant ainsi le gendre et l’associé de Pierre d’Andrieux, un grainier qui tient boutique quai de la Messagerie. Puis viennent Philippe-André, le fondateur de l’actuel arboretum des Barres, Louis, Henri, et aussi… Louise.

L’histoire d’une famille à travers sept générations mais aussi de l’évolution d’un monde qui est passé des grainiers aux semenciers avec l’arrivée de l’agriculture industrielle. L’auteur nous rappelle comment les premières plantes ont été acclimatées puis « améliorées » pour aller au devant des désirs des consommateurs. On découvre entre autre comment la carotte sauvage est devenue une racine charnue. Les Vilmorins étaient des chercheurs mais aussi des marchands. Ils avaient l’art de la publicité qu’on appelait dans ce temps là réclame. Nous assistons également à la naissance de la protection de la nature à laquelle va participer plusieurs membres de la famille conscients qu’il ne faut trop puiser dans les ressources.

Et bien sûr l’auteur esquisse le contexte historique en nous livrant des anecdotes piquantes. Il nous régale notamment d’un menu proposant entre autres, brochette de foie de chien, civet de chat et salmis de rat, testé en 1870 par le président de l’Académie des Sciences. Il avait été concocté pour inciter les parisiens affamés par le siège de Paris à changer leur habitudes alimentaires. Notons encore que les Vilmorin furent parmi les premiers à prôner la culture des légumes, notamment des pommes de terre, en ville. Une préconisation très actuelle.

Aujourd’hui, Vilmorin est dans le giron du groupe Limagrain et la marque ne compte plus aucun membre de la famille qui l’a fondée.


Delachaux et Niestlé, 192 pages, 18 € – www.delachauxetniestle.com
Contact presse: Julia Bocquin. Tél.: 01 41 48 82 63 – jbocquin@lamartiniere.fr
(Danièle Boone)